Les chercheurs seraient naïfs d'ignorer l'usage qui peut être fait de leurs recommandations. L'obsession sécuritaire contemporaine n'a pas de limites. Dépister systématiquement pour prédire, prévenir, et éradiquer le mal à l'origine, semblent les missions désormais dévolues à la science, qu'elle soit biologique ou comportementale. Ne plus permettre la naissance d'un « déviant » ; soumettre les thérapies psychiques à la seule appréciation de critères d'efficacité quantifiables ; rendre le corps et le cerveau transparents par l'image ; lire l'avenir dans la séquence des gènes : pour une société de plus en plus avide de certitudes, voilà la « nouvelle vérité » qui réduit les valeurs d'humanité aux seules caractéristiques visibles et mesurables du corps biologique.