L’Agence Internationale de l’Energie annonce dans son dernier rapport une révision alarmante de ses prévisions concernant l’évolution du marché pétrolier mondial. Je vous laisse découvrir ci-dessous l’article paru le 4 juillet dans Les Echos :
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Dans son dernier rapport, l’agence tire la sonnette d’alarme. La capacité de production non utilisée de l’Opep devrait brutalement chuter à partir de 2010. Le baril, lui, a atteint hier son plus haut niveau depuis août 2006.
Loin de réguler le marché, les prix élevés du pétrole ne l’empêcheront pas de devenir de plus en plus tendu à partir de 2010, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Dans son dernier rapport paru hier, l’organisme présidé par Claude Mandil prédit à cet horizon une diminution des capacités de production non utilisées de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui devraient tomber à un niveau historiquement bas en 2012 et ne joueront donc plus leur rôle de coussin de sécurité face aux aléas, rendant possible des ruptures d’approvisionnement et une situation de pénurie.
La scène pétrolière mondiale subit un effet de ciseau. La demande mondiale va continuer de croître dans les pays émergents. Dans des zones comme la Chine et le Moyen-Orient, la demande de pétrole devrait croître trois fois plus vite que dans l’OCDE. Avec pour conséquence une révision à la hausse de la demande pétrolière mondiale totale. L’AIE estime désormais que cette dernière devrait connaître une croissance de 2,2 % par an, pour atteindre 96 millions de barils quotidiens en 2012. La demande s’accélère donc considérablement. Pour mémoire, elle n’avait progressé en moyenne que de 1,4 % par an entre 2000 et 2007. Parallèlement, l’offre de brut va peiner à suivre. Les projets actuellement développés dans l’amont pétrolier devraient prendre du retard, notamment du fait des importants goulets d’étranglements existant au niveau des capacités de construction et de forage. A cela s’ajoute le moindre dynamisme des compagnies pétrolières étatiques par rapport au secteur privé.
Evolution en deux temps
Or, un peu partout actuellement, on assiste à une renationalisation du secteur pétrolier, comme en Russie et au Venezuela. Ceci devrait limiter la capacité de l’Opep à augmenter sa production, tandis que l’offre de pétrole hors Opep ne devrait augmenter que de 1 % par an d’ici à 2012. L’accroissement de la production de biocarburants ne suffira pas à compenser ces insuffisances de l’offre.
Résultat : une évolution en deux temps. Les capacités de production disponibles du cartel, actuellement très basses (2,5 millions de barils par jour cette année) devraient commencer par augmenter, pour atteindre environ 3,4 millions de barils par jour en 2009. De quoi soulager momentanément le marché, même si ce niveau est inférieur de 2 millions de barils à ce que l’AIE prévoyait encore il y a quelques mois. Mais le répit sera de courte durée. A partir de 2009, ces capacités excédentaires de l’Opep devraient en effet brutalement chuter, pour ne plus représenter que 1,6 million de barils par jour en 2012.
Ces prévisions alarmistes ne sont pas faites pour rassurer un marché déjà inquiet sur le court terme, du fait de la faiblesse actuelle des stocks d’essence américains et des problèmes chroniques de production au Nigeria, premier producteur africain. Les opérateurs ont donné hier une nouvelle preuve de leur extrême nervosité, en propulsant en séance les cours du baril à leurs plus hauts niveaux depuis le mois d’août 2006.
A la clôture de Londres, le brent de la mer du Nord pour livraison en août chutait de 1,06 dollar, à 75,78 dollars, après avoir enregistré un pic à 76,34 dollars, tandis qu’à New York, le prix du « light sweet crude » reculait de 76 cents, à 72,05 dollars, mais après avoir atteint un peu plus tôt les 73 dollars. Désormais, à Londres, le baril se rapproche du niveau record qu’il avait atteint le 7 août dernier, à 78,30 dollars.
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