François Joseph Lefebvre, Maréchal d’Empire, avait épousé une blanchisseuse, Catherine Hubscher, qui avait conservé à la cour impériale ses manières simples. Cela lui valut d’être immortalisée à la scène par Victorien Sardou, sous le surnom de Madame Sans-Gêne. Nous avons présentement un autre Lefebvre, prénommé Frédéric, porte-parole de l’UMP, qui ne descend peut-être pas du Maréchal d’Empire mais auquel le surnom de Monsieur Sans-Gêne va comme un gant.
Cet individu teigneux a déclaré ce lundi 9 septembre : « Edvige était déjà dans la logique de mieux protéger par rapport au fichier socialiste de 1991 ». Passons sur la qualité du français d’un personnage censé porter la parole d’un parti. Belle parole, avec protéger, verbe transitif, sans complément d’objet, et qui régit ici un complément précédé de ce hideux joker sans sens bien précis, par rapport à, là où on attendrait la préposition de.
Ce triste sire ignore tout de la démocratie et du suffrage universel. Nos lois ne sont ni de gauche, ni de droite, ni socialistes, ni conservatrices, ni libérales. Ce sont les lois de la République, votées par les représentants du peuple français.
Quant à cette évocation fielleuse d’un fichier socialiste, ce partisan est soit un incompétent, soit un menteur. Comme je ne peux imaginer un seul instant que l’UMP ait choisi pour porter sa bonne parole un incapable, je préfère opter pour la seconde hypothèse.
Et je m’empresse de rectifier ces propos mensongers. Le 14 octobre 1991 a été publié un décret « portant application aux fichiers informatisés, manuels ou mécanographiques gérés par les services des renseignements généraux des dispositions de l'article 31, alinéa 3, de la loi du 6 janvier 1978 ». Le dit article, parlant de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, stipulait ceci : « La commission met à la disposition du public la liste des traitements automatisés ayant fait l’objet d’une des formalités prévues par les articles 23 à 27, à l’exception de ceux mentionnés au III de l’article 26. »
Pour décoder ce langage législatif, en 1978, alors que Valéry Giscard d’Estaing était Président de notre République, une loi a encadré l’utilisation de fichiers gérés par les renseignements généraux, fichiers qui, selon les propos de l’actuel premier ministre, « existent depuis toujours ». En 1991, François Mitterrand étant président de la République, a été publié un décret d’application de la loi de 1978, ce qui tend à prouver, n’en déplaise à Monsieur Sans-Gêne, que la République est une et continue, même avec des serviteurs aussi pitoyables que lui-même.