Il y a des bestioles que l’on ne tue pas d’un coup de tatane. Tremblez camarades phobiques, voici la bestiole increvable, le tardigrade (ou water bear). C’est un petit animal multicellulaire d’un millimètre, proche des arthropodes qui vit à peu près partout sur la planète. L’équipe d’un chercheur suédois, Ingemar Jönsson, de l’université de Kristiangard en collaboration avec l’ESA, a lancé le programme Tardis (Tardigrades in space) destiné à tester, dans l’espace, la résistance des tardigrades .
Ils ont embarqué dans une fusée Soyouz quatre espèces de tardigrades. Une fois en l’air, ils ont été exposés aux dures conditions de vie dans l’espace… N’importe quel animal mourrait rapidement dans ces conditions. Avant même que le vide ne provoque une “extrême déshydratation” - selon les termes de l’article publié dans Current Biology- le rayonnement ultraviolet (UV), 1000 fois supérieur à celui sur la terre, aurait détruit ses chromosomes.
Au bout de dix jours, ces touristes spatiaux s’en sont plutôt bien sortis. La plupart d’entre eux ont survécu, ce qui confirme leur résistance hors-pair. Ce n’est finalement qu’une médaille de plus au revers de leur veste. On savait déjà les tardigrades capables de supporter une amplitude thermique gigantesque, du zéro absolu à 150°C, le vide ou encore les pressions d’un hypothétique océan de 60 000 mètres de profondeur (600 mégapascals). Plus étonnant encore, les tardigrades peuvent entrer en cryptobiose, un état dans lequel leur activité est limitée au strict minimum, pour “s’adapter à un stress physiologique”.
Ces prouesses ne leur sont pas d’une grande utilité sur cette terre -à part quand ils se font torturer par des scientifiques. Les conditions terrestres sont bien trop clémentes pour qu’ils puissent se servir de tous leurs dons. Certains avancent même l’hypothèse d’une origine extraterrestre du tardigrade. Il aurait fait des années-lumières en état de cryptobiose, planqué sur une comète…
Plus sérieusement, les chercheurs suédois estiment que les tardigrades de l’espace ne sont pas sortis indemnes de leur voyage. Les UV ont endommagé leur ADN, mais certaines bêtes auraient réussi à le “réparer” pour survivre. C’est à la compréhension de ce mécanisme que vont s’atteler Ingemar Jönsson et son équipe. Le but ? Que l’homme imite le tardigrade, notamment lors des radiothérapies qui détruisent les cellules cancéreuses mais endommagent aussi les cellules saines.
Image: ScienceBlogs.com