Après
quelques considérations générales , il est
peut-être intéressant de parler plus en détail du
premier Manifeste du surréalisme, paru en 1924. C'est
vrai, le texte m'a fasciné, par l'ouverture qu'il propose, et
à cause de mon incapacité foncière, il faut
l'avouer, à comprendre ce qu'est exactement cette ouverture.
Le
Manifeste était à l'origine destiné à
devenir une préface à Poisson soluble, un recueil de
textes automatiques. Les spécialistes qui l'ont analysé
y recencent plusieurs moments d'écriture amalgamés. Par
exemple, Élisabeth Kennel-Renaud qui y compte 9 éléments
(ma source est wikipédia).
Ça
commence en tout cas par un hommage à l'imagination et ça
se finit par l'apologie d'une attitude non-conformiste, en passant
par le procès du roman réaliste, l'appel à
l'émerveillement, la définition des principes de
l'écriture automatique, et surtout une fameuse définition
du surréalisme. Je cite Breton:
« SURRÉALISME,
n. m. Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer,
soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière,
le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de
la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé
par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique
ou morale.
- Encycl. Philos. Le surréalisme repose
sur la croyance à la réalité supérieure
de certaines formes d'associations négligées jusqu'à
lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé
de la pensée. Il tend à ruiner définitivement
tous les autres mécanismes psychiques et à se
substituer à eux dans la résolution des principaux
problèmes de la vie. »
Plusieurs
expériences avaient mené à ça. Les
sommeils hypnotiques tentés par Breton et Crevel pour libérer
le discours de l'inconscient. Et bien sûr le récit de
rêve et l'écriture automatique.
Ceci
dit, et malgré la définition citée, ce qu'est le
surréalisme, après ce manifeste, reste passablement
vague pour moi.
Ça
le sera toujours mais on verra que ça se précise un peu
dans le second manifeste. (Ce sera pour un autre jour).
André Breton, Manifestes du surréalisme, Idées, Gallimard