La déontologie assistée par ordinateur (DAO) est une nouvelle discipline née dans les bureaux de la rédaction en chef de 24 Heures le 5 septembre dernier. Un petit pas pour la technologie numérique, mais un énorme pas pour la déontologie des médias.
Explications.
Le 27 août suite à l’annonce de la restructuration d’Edipresse et à ses 25 licenciements, Myriam Tétaz, ma collègue de parti, conseillère communale et ancienne journaliste à la rubrique culturelle de 24 Heures, a envoyé un courrier des lecteurs à la rédaction du quotidien.
Dans son texte, la sémillante retraitée affirme que si le nombre de lecteurs du quotidien vaudois est en chute libre ce n’est pas en raison de l’érosion du chiffre d’affaires de la publicité ou de la conjoncture, mais en raison d’«une baisse de niveau désespérante» de ce qui fut le «titre phare d’Edipresse».
Elle ajoute que cette baisse de niveau n’est pas le fait de ses anciens collègues journalistes, mais qu’«il serait temps qu’en «hauts lieux» on cesse de mépriser les lecteurs en prétendant se mettre à leur niveau et répondre à ce qu’on imagine à tort être leur demande.»
Franchement de quoi se mêle la grand-mère qui croit tout savoir sous prétexte qu’elle a été une plumitive cantonnée dans le cocon doré de «la culturelle» ? Non mais, quel culot ! Avoir une opinion sur la presse et sur la direction d’un journal alors qu’il y a bien longtemps qu’elle n’est plus dans le coup.
Moins d’une semaine plus tard, la mémé, sans doute galvanisée par son année de présidence du Conseil communal de Lausanne, se permet d’envoyer un texte pour la rubrique «Réflexion» du canard qu’elle vient de dégommer publiquement à travers son pamphlet courrier des lecteurs.
Une contribution sur la pratique de la musique comme intégrateur social au … Venezuela.
Décidément, l’ancienne première citoyenne lausannoise n’a pas un registre très large. Encore de la culture …
Une contribution qu’elle envoie directement par courriel – tient, elle sait utiliser un ordinateur la super-mami ! – à Thierry Meyer, le rédacteur en chef de 24 Heures. Un apport qu’elle a l’inconscience de déposer dans la boîte à lettres numérique de celui qui œuvre en «hauts lieux».
Quelle aveuglement ! Quelle folie ! Quelle naïveté !
Décidément, âge ne rime pas avec sagesse.
Et c’est là que l’informatique vient à la rescousse du rédac’ chef. Un rédac’ chef bien embarrassé de se retrouver avec cette proposition de texte à insérer dans le journal que la petite vielle vient de démolir.
C’est à ce moment précis que la DAO vole à son secours : impossible d’ouvrir le fichier joint au courriel ! Impossible d’ouvrir la contribution de l’acariâtre ! Impossible de lire le document bien évidemment réalisé sur un Mac que les gauchistes considèrent comme une alternative au grand méchant Microsoft.
Sauvé, je suis sauvé !
C’est ce qu’a dû se dire Thierry Meyer quand son ordinateur lui a refusé l’ouverture du fichier renfermant la prose de cette petite prétentieuse de Myriam Tétaz.
Pas de conflit déontologique, pas de censure, pas d’états d’âme : le document est illisible, il ne sera donc pas publié car il ne peut pas être publié.
Merci la DAO.
- Légende photo : pas rancunière, la mami pose avec une veste publicitaire qui date de l’époque où elle pouvait devait écrire dans La Julie.