Publié le 18/07/2008 à 13:26 - Modifié le 18/07/2008 à 17:45 AFP
Rififi dans les Hauts-de-Seine: Pasqua met en garde Devedjian
La polémique autour des critiques virulentes de Patrick Devedjian contre la gestion passée des Hauts-de-Seine s'est accrue vendredi avec la réplique de Charles Pasqua, qui a sommé l'actuel président du conseil général de s'expliquer devant sa majorité et de reprendre "ses esprits".
Charles Pasqua avait été mis en cause cette semaine en tant qu'ancien patron des Hauts-de-Seine (1988-2004) par Patrick Devedjian (UMP), qui a affirmé vouloir "nettoyer les écuries d'Augias" dans le département où il a succédé à Nicolas Sarkozy en juin 2007.
"Il faut qu'il reprenne ses esprits. Je souhaite pour les Hauts-de-Seine qu'il assume calmement ses fonctions et qu'il explique à sa majorité que ses mots ont dépassé sa pensée. Dans le cas contraire, il vaut mieux qu'il fasse autre chose car la situation va rapidement devenir intenable", a déclaré au Monde le sénateur des Hauts-de-Seine, âgé de 82 ans.
"S'il met en cause la gestion de ces prédécesseurs, cela retombe aussi sur M. Sarkozy, en tant qu'ancien président du département", fait aussi valoir Charles Pasqua, qui accuse M. Devedjian de "nuire aux intérêts du président de la République".
M. Pasqua reste très influent aujourd'hui dans les Hauts-de-Seine, où il garde de nombreux relais parmi les élus, dont certains lui doivent leur carrière politique.
Patrick Devedjian n'a pas souhaité réagir à l'interview de Charles Pasqua.
Mis en difficulté au sein du conseil général par des critiques persistantes d'élus de sa majorité, souvent proches de M. Pasqua, M. Devedjian a jeté un pavé dans la mare mercredi dans Le Monde, en reliant les attaques dont il est l'objet à sa "lutte contre la corruption".
Dans une interview à L'Express publié jeudi, l'ancien avocat a aussi évoqué des "anomalies anciennes" trouvées "en ouvrant les placards" et des "bizarreries" dans le "fonctionnement des services".
Le conseil général des Hauts-de-Seine est l'un des plus riches de France, avec un budget de 1,7 milliard d'euros pour 2008.
M. Devedjian a fait référence à la SEM Coopération, une société d'économie mixte créée par Charles Pasqua pour mener des projets dans les pays en développement, notamment en Afrique, en affirmant que cette structure "payait certaines entreprises en liquide".
"Totalement faux", rétorque M. Pasqua, qui met en garde son successeur : "A la minute même où il citera" des noms, "on s'expliquera devant les tribunaux".
En avril, Patrick Devedjian s'était déjà distingué en prenant la décision de réintégrer la SEM Coopération au sein du conseil général, une manière de mettre fin à cette structure qui fait l'objet d'une enquête judiciaire et dont la gauche départementale n'a cessé de critiquer l'opacité depuis des années.
M. Devedjian avait brisé un autre tabou, en faisant voter une baisse de la subvention à l'université privée Léonard-de-Vinci (de 17,2 millions d'euros en 2007 à 14 millions d'euros en 2008), un établissement créé par Charles Pasqua en 1995 et dont la gauche critiquait aussi la gestion.
Interrogé par l'AFP, un élu UMP au conseil général, qui a souhaité conserver l'anonymat, s'est inquiété "de l'image déplorable" des Hauts-de-Seine donnée par ces vifs échanges.
Dans cette ambiance, le président du groupe UMP au conseil général, Jean Sarkozy, s'est montré plutôt discret. Selon son entourage, le fils du chef de l'Etat a tenté de "calmer le jeu". Mais pour plusieurs élus au sein de la majorité départementale, la rentrée sera, au mieux, "tendue".