L’absent de Pleyel

Publié le 10 septembre 2008 par Jlhuss

- Et si vous deviez ne retenir qu’un souvenir, une image de ces trois années d’errance ?
- Un lever de soleil en septembre dernier sur un bourg des Ardennes belges. La nuit fuyait de la combe avec la brume, des merles s’appelaient. Des coqs, un chien. Comme toujours la vie prenait le dessus. Une seconde j’ai cru que je devais m’arrêter là, être le fils d’un de ces villageois accueillants, prendre les jours sans plus d’horizon que le tournant du chemin, les travaux, les saisons, une famille, la vie sans embardée. C’était un de ces instants paniques où s’entrouvre la porte de la cage. L’oiseau s’agite, volette d’un perchoir à l’autre ; on parie qu’il va s’échapper, monter à tire d’aile, disparaître derrière les grands arbres. Hésitation devant l’espace, peur du vide, la porte s’est refermée. Moi, ma cage à l’envers, c’est la route. L’espace qui m’inquiète, c’est vos prés carrés ; le vide qui m’effraie, c’est votre plein. Dès que j’ai vu le soleil délivré du bois, lancé bien rond et déjà trop brillant pour être fixé des yeux, je me suis dit c’est l’heure, va-t’en.