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Pour faire lire (et causer) mon canari

Publié le 10 septembre 2008 par Collectifnrv
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J’ai observé que mon boycott total, officiel et assumé jusqu’au bout, des jeux olympiques d’été … n’a eu aucun effet ni le moindre écho médiatique.

Pourtant il m’a grandement satisfait dans la mesure où, à titre individuel, il m’a permis d’échapper à la gigantesque et ruineuse duperie qui a pu, pendant cette même période, distraire de leurs fonctions utiles et gravement affecter les capacités mentales d’une large proportion de la population de mon pays et du monde.

C’est quand même pas rien.

Maintenant que ce désastre (dans l’ordre de l’esprit et de l’humaine nature) est derrière nous, que d’autres, nombreux mais de moindre ampleur, s’annoncent , que j’entends affronter et surmonter de même et sans plus de dommages, a contrario de la foule des zélotes de la radiovision, déjà terrassés d’épilepsie spectaculaire et contraints désormais de mobiliser leurs derniers neurones valides aux fins incertaines de captation du message délivré par l’oracle d’informe-ation.

Maintenant donc, dans cette période que l’oracle vibratile a rempli d’un signal propagé dans toutes les directions et qui est décodé de manière univoque sous l’injonction comminatoire de la rentrée, déclenchant une déclinaison figée de comportements sociaux très anciennement programmés selon chaque corporation de sujets exposés à l’onde informe-hâtive.

Dans ce moment précis, je me dis que s’il y a bien une singularité propre à la période, je veux dire propre à la rendre digne d’intérêt, il faut l’entendre comme les physiciens : une discontinuité, un accident qui vient rompre la monotone réitération des évènements et affecter leur prévisibilité immémoriale.

De tels accidents ont-ils eu lieu, à la saison de leur surgissement cyclique ?

Sache, lecteur avide d’histoires grosses d’échappées gratifiantes pour ton imaginaire insatiable, mais redoutant par dessus tout de te voir fourgué de ces objets  qui ont la terrible propriété de tomber des mains ;


Sache lecteur curieux des nouveautés (que l’actualité de la production intellectuelle est réputée pourvoir à la seule fin de te divertir), mais en même temps soucieux de ne pas subir l’ennui des mondanités verbeuses de cuistres distingués par leurs pairs ;

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sache lecteur usager des transports communément disponibles aux foules de la migration bi-quotidienne, véhiculant dans un hypothétique confort, par les souterrains métropolitains au jour aboli, ou  les chaussées urbaines embarrassées d’obstacles mouvants, le flux pensif et maussade des agents de la société du spectacle marchand ;
oui toi cet usager des "transports", dans ce temps qu'ils durent, soustrait à ta durée de vie ;

Toi cet usager (usagé serait plus authentique) friand de palliatifs commodes et bon marché au sentiment pénible de la conscience de ton état, dans un format qui épouse celui de tes poches et facilite le feuilletage au sein de l’intimité contrainte et des espaces vitaux réduits ;

Sachez tous, consommateurs impénitents de ces mondes réduits à la forme millénaire du codex,  receuil des signes dont vous nourrissez et renouvelez votre intérêt à éprouver la vie … autour,
sachez que de telles aspérités à la surface lisse, informe et insignifiante de la production spectaculaire marchande … sont rares ;

Sachez qu’elles requièrent donc, pour leur détection, une véritable abnégation de la part de ceux dont vous attendez qu’ils vous en dénichent, avec la sureté de la baguette du sourcier.
Ces sourciers de l’eau à abreuver vos méninges asséchées, les libraires comme on les appelle communément, ont du mérite assurément et du savoir faire.
Car il faut bien de cette sorte de mérite à ne pas se laisser abuser .... par les résurgences fugaces qui font scintiller quelques cailloux, mais aussi vite taries que brutalement apparues, renvoyant la vulgaire caillasse de leur lit à sa stérilité première ;

Par les flots colorés abondamment déversés (au point que les tenants de la marchandise les facilitent de larges canalisations), mais dont l’eau tempétueuse s’avère impropre à la consommation, voire nocive à la matière cérébrale ;
Par les torrents pollués d’apports annexes et délétères, les petites mares qui sourdent mais déjà chargées de miasmes, jusqu’à l’humidité suspecte mais finalement révélatrice de douteux soulagements et, au delà de la chose brute, par tous les flacons étincelants, chamarrés et trompeurs que façonnent pour des illusionnistes patentés institués « critiques ».

Mesurez donc à quel degré d’apostolat véritable, de labeur scrupuleux et infatigable, de pénible discernement votre modeste libraire « de proximité » a du s’astreindre pour parvenir à diriger cet index assuré qui pointe si fermement des livres anonymes sur les tables encombrées, et désigne à la satisfaction de votre attente fébrile (comme au porte-carte du ministre de « la lettre volée ») les recueils de l’assouvissement promis, distingués de la vaine multitude à votre seule intention.

Alors ? me direz vous, l’œil vif de désir impatient et frustré, mais quand même un peu troublé de perplexité.
Alors qui ? alors quoi ?
Fort peu, ai-je l’aigre aveu à vous faire.

Et comme je n’ai pas la sotte vanité de prétendre ajouter ma voix au concert cacophonique des critiques patentés, je me contenterai donc de la très brève énumération de ce qui, pour autant que je sache, ne devrait pas vous « tomber des mains » :

William T. Vollmann, : Pourquoi êtes-vous pauvres ? traduit par Claro. (Actes Sud)
Ce n'est pas un roman , mais un chapitre du livre ouvert sur le monde post-moderne (celui que les journalistes et autres médiacrates ont renoncé à écrire), et Vollmann n'est pas la moitié d’un écrivain.
Je crois qu’on va en parler, si ça n’est déjà fait (je ne lis toujours pas la presse).

Iliya Trojanow : Le Collectionneur de mondes ( Buchet chastel)
Pour voyager et s’ouvrir l’esprit … aux autres.
Totalement « différent », initiatique, envoûtant, peut-être un livre culte.
Voir ce lien pour une présentation "décalée" par l ‘auteur.

Coté français, surnagent :

Christian Oster : Trois Hommes seuls (Minuit)
La perfection du style et l’ironie d’un Flaubert scrutant l’insignifiance de la vie de trois messieurs Bobovary en tentative de villégiature (avec une chaise).
Prose parfaite (pour esthètes)

et accessoirement :

Régis Jauffret :  Lacrimosa (Gallimard)
La moitié d’un bon livre.
Peut mieux faire (la prochaine fois ?), mais c’est déjà pas mal (c'est un écrivain, à ce qu'il me semble).

Au final... Tout ça est peu de chose à coté de "la Vie sur terre" de Baudouin de Bodinat

On en reparlera...

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Urbain


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