Les huits vents

Par Nichiren
Nichiren écrivit cette lettre en 1277. Elle est adressée à Shijo Kingo, un samouraï travaillant pour un seigneur appelé "Ema".
En 1976, le seigneur Ema avait ordonné à Shijo Kingo de quitter son fief prés de Kamakura en échange d'un autre dans la lointaine province d'Echigo. Shijo Kingo demeura, néanmoins, à Kamakura , comme l'indique cette lettre.
Je n'en publie qu'un extrait mais le sens du texte reste conservé. (Vol I p 229, G.Z. p 1150).
"J'étais trés inquiet à votre sujet, car je n'avais pas reçu de vos nouvelles depuis fort longtemps. J'ai été extrêmement heureux de recevoir votre messager, porteur de vos nombreux cadeaux. Je vais vous faire don d'un Gohonzon.
En réfléchissant au problème de votre transfert dans un autre fief, j'ai étudié la lettre que vous a envoyé le seigneur Ema, ainsi que celle que vous m'avez fait parvenir, et je les ai comparées. J'avais prévu cela avant même de recevoir votre lettre. Puisque votre seigneur y attache la plus grande importance, j'en déduis que d'autres vassaux lui ont parlé de vous en mauvais termes, disan : "Shijo Kingo vous manque de respect en refusant de s'installer dans un nouveau fief. Nombreux sont les gens égoïstes, mais lui l'est plus que beaucoup d'autres. Nous vous conseillons de ne plus de ne plus lui montrer la moindre faveur pour le moment." Efforcez-vous de bien voir où se trouve le véritable problème, et agissez avec prudence.
En tant que vassal, vous et votre famille avez une dette profonde à l'égard de votre seigneur. De plus, il a montré à votre égard d'une grande clémence en n'engageant aucune action contre votre clan lorsque j'ai été exilé à Sado et quand j'étais haï par la nation entière. Beaucoup de mes disciples ont vu leurs terres saisies par le gouvernement, et furent alors destitués, ou chassés des terres de leurs seigneurs. Même s'il ne vous manifeste plus désormais la moindre considération, ne nourrissez pas de rancune en vers votre seigneur. Il serait déraisonnable d'attendre de lui une nouvelle faveur, simplement parce que vous êtes peu disposé à vous rendre dans un nouveau fief.
Un homme véritablement sage ne se laissera emporté par aucun des huit vents : la prospérité, les revers, la disgrâce, les honneurs, les louanges, la critique, la souffrance et le plaisir. Il ne tire pas orgueil de la prospérité, ni ne se la mente des revers de fortune. Les divinités bouddhiques protègeront à coup sûr celui qui ne plie pas devant les huis vents. Mais si vous nourrissez une rancune déraisonnable contre votre suzerain, elles ne vous protégeront pas, malgré toutes vos prières.
...
En ce qui concerne votre problème, je vous conseille de ne pas avoir recours à la justice. Ne nourrissez aucune rancune envers votre suzerain, mais ne quittez pas pour autant votre fief actuel. Restez à Kamakura. Assistez votre suzerain moins fréquemment que d'habitude ; servez-le de loin en loin. Alors, vos voeux pourront être exaucés. Ne perdez jamais votre calme. Ne soyez pas influencé par vos désirs, votre souci de prestige ou votre tempérament.
Nichiren.