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Pourquoi faut-il toujours qu’il y ait une merde qui me fasse arriver en retard au boulot ? Ce matin, pour une des premières fois je me suis levé assez tôt pour arriver à l’heure au boulot. J’arrive à respecter le timing pour chaque chose, je traîne pas, tout est bon, j’arrive à ma voiture et je me rend compte alors d’une chose chiante qui fait partie des particularités de la conduite espagnole.
Mais laissez-moi d’abord vous présenter rapidement la façon de conduire de ce peuple qui est à la voiture, ce que Jackass est au skate : du grand n’importe quoi. Ça peut vous servir si vous venez en vacances dans la péninsule ibérique. (remarquez la digression qui tient le lecteur en haleine)
La suite est à prendre au second degré bien sûr, qu’il n’y en ait pas un qui suive ces conseils hein ! (on sait jamais, je me protège contre un éventuel procès :p)
© crack jackson jr.
Déjà, quand vous voyez des panneaux de limitations de vitesse : 50, 80, 120, etc., ne vous limitez surtout pas à 50km/h, 80 km/h ou 120km/h. Non non, ici ils sont officieusement au système anglo-saxon. C’est pas du km/h mais du miles/h. En ville, vous devez donc rouler à 50miles/h, soit 80km/h. Oui, j’ai dit « devez » parce que les panneaux indiquent plus une vitesse conseillée qu’une vitesse maximum ; si vous voulez éviter les coups de klaxons, les queues de poisson et autres réjouissances automobiles en tout cas.
Deuxième point du code de la route auquel il faut faire attention : les feux de signalisation. Ne vous arrêtez pas comme un vulgaire touriste lorsque vous voyez un feu rouge. Non non, dans le code de la route espagnol le feu rouge correspond plus ou moins à notre « cédez le passage » français. Et quand ce feu tricolore est placé avant un passage piéton, ne réfléchissez pas, foncez !
Dans cette volonté d’abaissement des niveaux de sécurité, tout concorde. Les « cédez le passage » ne servent pas à grand chose, ils ne sont pas suivis et les sens-interdits correspondent à nos panneaux STOP français.
Vous croyiez que les parisiens conduisaient mal ? Vous pensiez avoir tout vu en passant quelques mois dans le Sud de la France ? Et non … en Espagne, c’est ça, puissance dix. Et après on s’étonne que Sébastien Bourdais soit moins fort que Fernando Alonso, mais non, c’est juste qu’il n’a pas eu le même entraînement que l’Espagnol pendant son adolescence.
Revenons donc à ce matin, je m’apprêtais à prendre ma voiture et là, que vois-je ? La place de parking que je m’étais fait chier à trouver hier se retrouve encerclée par le trottoir devant, une voiture à droite, une voiture à gauche et … une voiture derrière ! Le truc qui met pas du tout en rage le mardi matin à 7h43.
voilà, ça c'est bien garé !
© Thomas Hawk
Je me rappelle alors ce qu’on avait dit sur cette façon de se garer très habituelle ici. En fait tout le monde se gare ainsi, en double file, et ils laissent le frein à main desserré pour qu’on puisse pousser leur voiture et sortir la notre. Faut avouer que c’est pas con, mais ça reste chiant de pousser des voitures à 8h du mat’. Surtout quand ce n’est pas une voiture qu’il faut pousser mais tout un ensemble. Celle derrière la mienne était elle-même bloquée par une autre voiture, celle-ci elle-même bloquée par une troisième, et ainsi de suite.Donc pendant un quart d’heure j’ai joué à Tetris avec des voitures, en bougeant certaines pour en sortir d’autres et finalement laisser le champ libre à celle placée derrière ma mégane, qui observait sagement son propriétaire faire des pieds et des mains pour pouvoir l’utiliser.
Mais ça aurait été trop simple si ça s’arrêtait là. La putain de voiture derrière la mienne n’était pas une voiture normale ; c’était une sorte de camionnette Volkswagen géante, trois rangées de sièges, 2 mètres au garrot et une forte tendance à ne pas vouloir avancer quand on la pousse. J’avais beau avoir l’air con à la pousser de toutes mes forces, je n’arrivais pas à la faire passer le petit tas de goudron placé (comme de par hasard) pile devant sa roue avant droite.
Putain ! Plus jamais je me gare là. Je me suis donc mis à la recherche d’une gentille âme pouvant m’aider à pousser cette conne de Volkswagen.Je peux vous dire qu’à 8h et des brouettes, les espagnols ça court pas les rues ! J’en trouve finalement un qui montait un stand pour un marché ou chépakoi, et nous arrivons, à deux, à déplacer le monstre sur quelques mètres.
Au final je me rends compte à 8h07 que, non, je ne pourrai pas être au boulot pour 8h. Même avec toute la bonne volonté du monde et en roulant à l’espagnole. Un fois encore j’arrive en retard, et là c’est même pas de ma faute. Je vais finir par croire qu’une force surhumaine ne veut pas que j’aille travailler. Je ne vois pas d’autre explication …