. Cela a été dit et redit au cours des années et des décennies que la démarcation des frontières septentrionales de l’actuel État albanais par les Grandes Puissances en 1913, légitima le découpage d’une bonne partie des territoires habités par les albanophones, au profit de ses voisins serbes et monténégrins. En 1981, ils étaient un peu plus de 1.7 millions, soit environ 8% de la population de feu Fédération yougoslave. Environ 70 % d’entre eux se trouvaient au Kosovë, 20 % des Albanais vivait en Macédoine et le reste se trouvait au Monténégro. Des poches plus ou moins isolées de population albanaise vivent toujours au Sandjak, en Serbie même, voire au Voïvodine.
.
Les Albanais de Kosovë ou les Kosovars appartiennent de surcroît au groupe linguistique geg. Grâce à leur incroyable taux de natalité (29,9‰ en 1987) leur nombre a déjà dépassé les deux millions d'individus dans une province déjà albanaise à plus de 95%. En outre, cette population demeure très jeune – avec plus de 60 % de la population appartenant à la tranche d’âge de moins de 27 ans. La réalité présente – un Kosovë sous tutelle de l’ONU et parti pour devenir un jour indépendant – efface le jeu complexe des chiffres et des pourcentages, cet aliment quotidien de la propagande officielle serbe d’une part et de la contre-propagande albanaise de l’autre. Exit donc à cette histoire commune de plusieurs décennies entre Serbes et Kosovars au sein de la Yougoslavie hybride. Comment en est-on arrivé là ?
. Était-ce le fruit d’une politique délibérée de Tito qui a exploité la montée du nationalisme albanais pour briser l’hégémonie des Serbes au sein de la Yougoslavie qui a mis le feu aux poudres (
note 1) ? ou bien un produit de ce grand échec de l’histoire qui s’appelle théorie marxiste de la nation et qui dans le cas du Kosovë a pris la forme d’une crise profonde du système, de son idéologie et de son fonctionnement (
note 2) ? Ces hypothèses formulées par les parties adverses partent d’un point commun : le constat de l’échec cuisant du projet fédéral yougoslave. Il est évident même pour le plus modeste des observateurs que, depuis 1981, l’État a lamentablement échoué dans son devoir de modérateur et de médiateur. Le dialogue social et la tolérance interethnique ont cédé leur place à la violence «
légitime » institutionnelle tandis que tout rapport d’État – citoyen fut substitué par le conflit État national – communauté ethnique. .
Les chantres du pouvoir central d’un État multinational, ont reproché à la composante minoritaire de pratiquer un taux de croissance effréné comme arme démographique et d’exercer en parallèle l’intimidation et la pression pour accélérer le départ de l’élément slave. Devant le risque de l’implosion, cela a justifié implicitement le recours massif à la force, avec la solution finale à la clé - un nettoyage ethnique de la province. En réponse, la minorité s’est organisée en une société parallèle qui, sous l’influence des événements, a été radicalisée pour donner naissance à un mouvement armé, de tendance séparatiste. Le choc a généré un conflit de dimensions européennes et internationales qui a changé de nouveau les contours géopolitiques des Balkans..
. La situation des Albanais qui vivent en Macédoine (FYROM) est tout autre par rapport au Kosovë. La première raison et peut-être la seule se résume au fait que leur masse humaine ne leur assure pas cette puissance d’implosion de la masse critique. En 1948, peu de temps après la création de la République Fédérative de la Yougoslavie – avec la Macédoine en tant que République constituante, la communauté albanaise sur place comptait 197.400 membres, soit 17,1% de la population locale. Malgré cela, ils ne bénéficiaient pas du statut de minorité. Ils étaient des citoyens de deuxième zone qui enviaient les libertés accordées à leurs semblables de Kosovë et de Voïvodina, à l’époque des régions autonomes. La scission difficilement réussie de la Macédoine en janvier 1991 et enfin, la reconnaissance internationale de ce jeune État balkanique en avril 1993, donnèrent aux Albanais un espoir de s’affirmer cherchant une place dans la scène politique. La population albanaise, fortement concentrée dans la partie occidentale, autour de l’axe Struga – Gostivar – Tetovo –
Skopje - Kumanovo, premièrement se rendit compte de son importance numérique. Forte de plus de 440.000 personnes en 1994 (
note 3), ayant un taux de naissance égale à celle des Albanais du Kosovë (29,9 ‰), elle représentait environ un quart de la population totale de la République de Macédoine. La majorité macédonienne a montré un sens pratique aigu : à l’issue des premières élections libres, ces partis politiques ont sollicité la participation des formations albanaises au sein du premier gouvernement de coalition. Parce que ces dernières avaient raflé un cinquième des sièges du parlement ! Ainsi pour la première fois, les Albanais devinrent des acteurs de la vie politique du pays, avec leurs ministres, leurs députés et autres ambassadeurs. Misant sur la situation, la minorité développa alors ses objectifs d’une participation active à tous les niveaux de pouvoir, établie sur un pied d’égalité avec la majorité, et radicalisa son discours. Craignant l’éclatement et mettant tout sur le compte de l’irrédentisme albanais, le pouvoir central intervint sans ménagement : aux Albanais alors de comprendre qu’ils n’étaient rien d’autre que des acteurs de deuxième zone. .
L’enclavement géographique de la Macédoine offrit alors un second argument de taille : situé au centre des Balkans, elle était obligée d’utiliser les routes qui mènent à la mer - à travers la Grèce, au Sud ou à travers l’Albanie, à l’Ouest. Or, puisque la Grèce affichait à l’époque une profonde irritation envers l’existence de l’État macédonien, l’unique passage passait par l’Albanie - leur patrie mère.
Ceci étant dit, les rapports géopolitiques dans les Balkans n’ont guère ce caractère immuable du temps du rideau de fer : obligée par l’Union européenne, la Grèce a levé son blocus en octobre 1995 tandis que l’Albanie est rentrée dans une période de grandes turbulences après les événements du début de l’année 1997, s’effaçant pour longtemps de la scène balkanique. Du coup, les Albanais de la Macédoine se sont sentis désabusés dans leurs aspirations nationalistes et abandonnés dans leurs espoirs pan-albanaises. Le gouvernement de Skopje a toujours été tiraillé entre la nécessité d’obtenir une reconnaissance internationale, de normaliser une vie politique et économique très fragile et d’exercer un pouvoir qui a l’air de lui échapper. Or, le défi albanais est de taille : cette minorité qui représente un quart ou un tiers de la population demande le statut de composante constitutive ou de la nation constituante. Par conséquent, la langue albanaise doit être connue comme langue officielle à part entière.
. La donne a failli changer avec l’arrivée en masse sur le territoire macédonien des réfugiés
albanais durant la guerre du Kosovë. En quelques semaines, les autorités macédoniennes furent contraintes d’accueillir, parfois contre leur gré, environ 230.000 kosovars. En juin 1999, le nombre frôla les quatre cent mille âmes. Coté réfugiés, seul l’aide internationale put sauver la situation tandis que, coté gouvernement macédonien, il a fallu la pression internationale pour contenir ses réactions. Skopje craignait à la fois le fardeau économique insurmontable, la modification irréversible du rapport démographique, la réplique violente de la partie pro-serbe de sa population et, enfin, la montée de l’activité de l’UÇK sur son territoire.
La plupart de ces scénarios catastrophes ont vite été dissipés : à peine quelques mois plus tard la masse des réfugiés kosovars rentra chez elle dans le sillage de la troupe d’intervention d’OTAN ; l’économie macédonienne se fit une petite santé grâce aux aides internationales et aux gratifications, récompensant la bonne conduite ; les manifestations des serbophiles locaux ont été contenues par l’imposant dispositif militaire sur place. Seul l’UÇK (note 4) a pu devenir un vrai danger pour le pouvoir central, dans un contexte fortement imprégné de sentiments nationalistes, de surabondance d’armement de tout sortes, et enfin de prolixité de trafic en tout genres. Le bras de fer qui a duré quelques mois - de mars en août 2001 - entre une armée régulière désuète et inexpérimentée et une guérilla déterminée et organisée selon le modèle kosovar a donné un match nul : annonçant des pertes sensiblement identiques, chacune des deux parties se sont déclarés non perdantes.
. Toutefois, la minorité albanaise a gagné son pari immédiat : elle a pu attirer le regard de la communauté internationale sur sa situation et a pu « imposer » ses demandes de changements constitutionnels. Utilisant son arme légale la plus redoutable - sa dynamique démographique – elle compte peser de plus en plus dans l'avenir proche de la République de Macédoine. Quand la minorité deviendra-t-elle majoritaire (note 5) dans un État qui ne veut pas voir la réalité en face et repousse à plus tard l’échéance inévitable de sa question albanaise ?
Ces Albanais du Kosovë, voire ceux de la Macédoine, ont-ils une identité régionale distincte outre des identités régionales albanaises proprement dites ? Plusieurs éléments concourent en faveur d’une réponse positive (
note 6). Désormais, le Kosovë constitue une entité visible territoriale et administrative qui évolue et évoluera durant des années, en parallèle avec l’État albanais. Certes, il y a cette communauté d’origine, de mœurs et de langue disons communes, indifférentes des frontières. Les établissant, l’histoire a séparé les gens, les familles ou les groupes qui devaient se recomposer pour vivre une nouvelle réalité : celle de minorité ethnique, de langue ou de religion au sein d’une majorité, détentrice du pouvoir dans son État. D’une manière inévitable, les nouveaux rapports mènent à des recompositions sociétaires internes, générant ainsi des attitudes et des pratiques mouvantes. Il suffit de suivre l’évolution de la société kosovar durant les années Tito, puis durant les années Milosevic, voire durant les années Rugova. Les Kosovars ont dû engendrer leurs propres expériences politiques et économiques, leurs propres visions spécifiques - des élites distinctes, des conceptions sociétaires diverses et enfin, des systèmes de valeurs singulières. Plus important encore, depuis que les Kosovars ont compris qu’ils peuvent enfin décider de leur propre sort, le mythe cosmogonique qui veut que l’Albanie proprement dite soit le centre de l’univers albanais a subitement été brisé. Point de « mère » et de « fille » donc ; désormais, on est tous des «
sœurs » ou des «
frères » - autrement dit égaux. Un processus parallèle se développe en Macédoine où la peur d’être une minorité ethnique sans voix trouve son équivalent dans la fierté du mépris d’une certaine culture particulière, quoique albanaise. Le bien-être matériel relatif des communautés albanophones, renforcé par le poids de l’Islam dans la vie sociétaire pousse les Albanais de la Macédoine d’observer leurs «
frères » à travers l’optique différenciatrice ; la condescendance envers « l’arriération » économique de l’Albanie voisine post-hoxhaiane se mêle avec l’épouvante envers «
la dépravation » des mœurs du Kosovo limitrophe (
note 7). Toutefois, l’engagement déterminé dans un processus intégral du développement de l’identité propre, exprimé tant dans le domaine politique – création des partis politiques et participation active dans la gestion du pays - que dans le domaine culturel – ouverture de l’Université de Tetovë, met en exergue l’existence d’une volonté inébranlable qui vise une place distincte et méritée au sein de la «
grande » famille albanaise.
Ce regard différent sur soi-même a inévitablement mené à un nouveau regard vis-à-vis de l’autre, de celui qui ne fait pas partie de sa propre famille. Déjà l’Albanie voisine avec ses sempiternels gegs et tosks applique une vision différentielle sur le monde environnant : tandis que les premiers préfèrent plutôt l’Italie d’en face et le Monténégro (
note 8) voisin, les seconds paraissent dévoués à la généreuse Grèce. Quant au Kosovars, ils se projettent vers l’Europe centrale – si jamais leur chère Allemagne et leur prospère Suisse en font partie, sans oublier la redoutable Serbie. Tous les Kosovars du monde savent que la page serbe est bel et bien tournée et si possible, une fois pour toutes. Malgré cela, la Serbie demeure la puissante voisine qui réclame son droit de regard, voire plus, sur ces dizaines de milliers de Serbes qui vivent toujours au Kosovë. Et puis, il y a cette minorité albanaise en Serbie du Sud - dans la zone comprise entre Preshevë, Medvegje et Bujanovc (
note 9), dont le Kosovë se sent déjà des instincts maternels de protection.
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(1) Dušan T. BATAKOVIC– Kosovo : la spirale de la haine. Ed. L’Age d’Homme, Lausanne, 1993.
(2) Muhamedin KULLASHI – Humanisme et haine, les intellectuels et le nationalisme en ex-Yougoslavie. L’Harmattan, Paris, 1998.
(3) L’un des aspects le plus signifiant des relations tendues entre la majorité macédonienne et la minorité albanaise est la « guerre » des recensements. Utilisées comme argument politique de part et d’autre, elles sont régulièrement contestées. Les Albanais ont boycotté plusieurs recensements dans le pays et disputé leurs résultats. Le recensement du 1994, déroulé sous contrôle international et financé par l’Union européenne et le Conseil de l’Europe, a révélé que la population du pays comptait 1.940.000 individus. Cette population était composée de 67% de Macédoniens slaves, de 23% d’Albanais ainsi que des minorités ethniques : des Turcs (4%), des Roms (3%), des Serbes (2%) et autres groupes minoritaires (1%). Toutefois, les Albanais considèrent que leur nombre a été minoré de 10 voire 20%, suite à des mécanismes juridiques légalisés par la Constitution du pays. Sur le sujet voir : Christophe CHICLET, Bernard LORY (sous la dir.) - La République de Macédoine, nouvelle venue dans le concert européen, l’Harmattan, Paris 1998. Le dernier recensement, effectué en 2002, a donné un tableau plus claire de la composition ethnique de la République macédonienne. Les résultats indiquent que les Macédoniens slaves sont 1.297.981 individus, soit 64,18% de la population générale (2.022.547 habitants). En revanche, les Albanais « de souche » sont au nombre de 509.083, soit 25,17%, tandis que les 10,65 % vont aux autres minorités.
(4) Les autorités macédoniennes ont toujours dénoncé une certaine ingérence du milieu politique kosovar dans les affaires internes de leur État, notamment dans le cas de l’UÇK. Sans oublier les liens multiples et étroits entre les deux communautés albanaises de Kosovë et de Macédoine, il est à noter que la majorité écrasante de l’intelligentsia albanaise de FYROM a été préparée à l’Université de Prishtina durant les années 80 et 90, d’où une influence certaine des mouvements politiques kosovar de la période d’après Tito. Quant à l’UÇK (Armée de Libération de Kosovë) il faut préciser qu’elle a été officiellement désarmée et dissoute selon les termes de la Résolution 1244 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, entériné le 21 juin 1999. En automne 2000, apparaît une nouvelle structure militaire, l’UCPMB (l'Armée de libération de Preshevë, Medvegje et Bujanovc) qui opérait dans le Sud de la Serbie, 10 à 20 km au nord-est de la frontière macédonienne et quelques mois plus tard, en janvier 2001, se manifeste ouvertement une nouvelle UÇK (Armée de Libération Nationale) en Macédoine
(5) Il suffit de suivre les dynamiques de l’Albanie et du Kosovë pour prédire ce moment qui changera profondément la nature de la Macédoine. Au Kosovë, la population albanaise a doublé en vingt ans : de 646.805 individus en 1961, elle passe à 1.226.736 individus en 1981. En Albanie, elle a doublé en trente ans : de 1.626.000 en 1960 on est arrivé à 3.335.000 en 1991. Compte tenu des indices démographiques sensiblement identiques (taux de naissance, de décès ou de mortalité infantile) de ces trois régions habitées par les Albanais, et dans l’hypothèse qu’ils conserveront leurs tendances, on peut estimer qu’avant 2025 la population albanaise de Macédoine doit dépasser le million et qu’en 2045 elle sera majoritaire. N’oublions pas qu’à l’origine de notre estimation résident les chiffres du recensement de 1994 et par conséquent ce scénario est le plus heureux pour le FYROM car si l’on prend en compte les chiffres avancés par les Albanais eux-mêmes, ce genre d’événement arrivera sans doute une dizaine d’années plus tôt. L’ancien Président Kiro Gligorov est encore plus pessimiste quand il a prédit que les Albanais de la Macédoine composeront la moitié de la population en 2015.
(6) Voir sur le sujet : Antonina ZHELYAZKOVA – Albanian Identities, International Center for Minority Studies and Intercultural Relations, Sofia, 2000 :; ou encore : Antonina ZHELYAZKOVA - The Three Albanian Communities And Their Prospects – Six Months Later, International Center for Minority Studies and Intercultural Relations, Sofia, 1999
(7) Voir : Nadège RAGARU – Questions albanaises, Critique Internationale Nr. 13, octobre 2001 ; në : www.ceri-sciencespo.com
(8) Outre les liens très anciens qui relient les Gegs avec les Monténégrins, il y a aussi une importante minorité albanaise qui vit actuellement au Monténégro voisin. Les albanonophones sont concentrés dans quelques villages frontaliers des montagnes de Grudë, sur la rive droite de Bunë ainsi que dans des villes côtières comme l’Ulqin et Tivar. Avec environ 50.000 individus, cette minorité représente entre 7 et 8% de la population totale de Monténégro. L’exode des Kosovars vers le Monténégro, quoique limité par rapport aux pays voisins, a doublé provisoirement leur nombre sans pour autant mettre en péril la stabilité de cette République de la Fédération Yougoslave. Longtemps oubliés pour ne pas dire réduits à silence, leur existence a été redécouverte par le Président Ðukanovic en quête d’alliés potentiels, lors de ses agissements indépendantistes. Après les derniers développements politiques qui ont abouti à l’indépendance de Monténégro, cette minorité devient inévitablement un acteur de la vie politique locale – un facteur important dans la réorientation du nouvel État balkanique. Sur la minorité albanaise au Monténégro, voir : Jovan NIKOLAIDIS – Multiculturalism in Monténégro and the city of Ulcinj, Dans : Managing Multiethnic Local Communities in the Contries of the Former Yugoslavia, Nenad Dimitrijevic (éd.), LGI/OSI, Budapest 2000.
(9) Coupée administrativement de la région voisine du Kosovë en 1945, cette zone regroupe 80.000 ou peut être 100.000 albanais qui constituent la majorité (70%) de la population de ces trois municipalités. Toujours sous contrôle de Belgrade, la population albanaise sur place se considère vivre dans un continuum de l’espace kosovar. Elle a durement ressenti la décision de l’OTAN de s’arrêter aux frontières du Kosovë ainsi que la volonté onusienne de ne pas toucher une fois de plus les frontières actuelles des Balkans. Se positionnant enfin dans la dynamique séparatiste, cette minorité albanaise a développé ses propres structures militaires, l’UÇPMB, et a mis en rude épreuve le pouvoir central de Kostunica, dans l’espoir d’attirer de nouveau le regard des puissances. La suite..