Le vin bio, cela existe ?

Par Abonéobio

En cette période de foire aux vins qui s'affichent dans les hypers et cavistes du quartier, la question du jour porte sur l'existence ou non de vin bio ? On entend beaucoup d'informations sur les pesticides dans le vin et autres produits de synthèse utilisés par les producteurs, (désherbants, engrais, fongicides, ...) qui laissent planer le doute sur l'impact sur notre santé : le vin apporterait certes un plaisir gustatif mais aussi une certaine quantité de produits nocifs dans notre corps, cancérigènes, perturbateurs endocriniens, neurotoxiques ...Et oui, les grappes de raisins traités finissent au fond d'un verre et dans notre organisme, avec un risque lié à l'accumulation (parfois les vins conventionnels affichent jusqu'à 5800 fois la limite autorisée dans l'eau potable, selon le rapport sur les dosages de pesticides dans les vins, publiés fin mars par PAN Europe et MDGRF). Bon à savoir, la viticulture est l'activité agricole qui utilise le plus de produits chimiques : la vigne ne couvre que 3 % des surfaces cultivées mais consomme 20 % des pesticides, et en espérant que les accords du Grenelle soient appliqués pour réduire de moitié d'ici 10 ans !.

Comment peut on faire du vin bio ?
Le producteur doit s'engager à ne pas utiliser de produits phytosanitaires de synthèse dans les vignes (pas d'engrais, herbicides, insecticides. ..) qui appauvrissent le sol en tuant la microflore et la microfaune empêchant la nature de protéger la vigne, mais pas seulement. Il s'interdira aussi en cave d'ajouter des levures chimiques. Attention certains vins bio contiennent des additifs choisis dans une liste de 300 produits chimiques autorisés ajoutés librement dans les caves !. D'où l'existence d'une appellation vin "nature" qui s'interdit ces ajouts.
Pour les puristes, la conception d'un vin bio repose aussi sur la biodynamie : c'est une méthode de culture globale mise en évidence par Rudolf Steiner dès 1924. Il s'agit en fait de préserver l'équilibre entre la plante (partie aérienne avec les feuilles et fleurs et partie souterraine avec les racines) et son environnement. L'idée est de capturer les énergies naturelles pour aider la vigne à se défendre seule. Les producteurs qui travaillent ainsi utilisent des préparations à bases de matières végétales et animales (comme la bouse de corne, le pissenlit, le purin d'orties, fumier de cheval, écorces d'arbres ...) qu'ils appliquent à des moments précis du cycle de l'année. Les influences cosmiques (calendrier lunaire et solaire) favorisant la croissance des plantes, cf le billet précédent : le jardinier bio suit le calendrier lunaire. Enfin le viticulteur devra travailler davantage le sol par des labours, binages et griffages. Si l'équilibre est préservé, la qualité de la terre sera bonne, les bactéries nombreuses, l'enracinement profond et le développement des feuilles et des fleurs plus important.

Qu'en est il du souffre et des sulfites ?

Les sulfites sont présents dans presque tous les vins en tant que conservateurs et depuis novembre 2005, en France, les bouteilles doivent mentionner la présence de sulfites si la teneur en sulfites est supérieure à 10 mg/litre. Les vins élaborés à partir de raisins cultivés en agriculture biologique contiennent aussi des sulfites mais en plus faible quantité. En Europe, la déclaration de la présence de sulfites en tant qu'allergène dans les aliments est obligatoire dès que leur concentration atteint 10 mg/kg ou 10 mg/litre. Personnellement j'ai des réactions allergiques systématiques et immédiates aux sulfites. Pour ma part, il s'agit de plaques rouges sur une partie du visage, mais d'autres symptômes sont également connus, comme rhinorrhées, des éternuements, des démangeaisons, de l'urticaire, des douleurs abdominales voire des symptômes plus graves, comme un bronchoplasme ou une anaphylaxie. Dans certains cas elles peuvent aussi être la cause de crises hémorroïdaires. Source Wikipédia. Les sulfites sont tolérés dans les vins bio (à savoir aussi que le raisin fermenté produit lui-même des sulfites) ! Quelques vignerons se sont lancés dans le vin sans souffre ajouté mais l'exercice est délicat. Le souffre aide la stabilisation du vin, sans quoi il devient très sensible aux écarts de température et peut repartir en fermentation. Pour en savoir plus, voir l'article dédié sur Chateauloisel
Mais pourquoi n'y a t il que très peu de producteurs bio ?
Les usages sont venus remplacer le bon sens. Il est devenu pratique et courant de pulvériser un produit chimique pour faire fuir le moindre insecte considéré comme une menace, surtout quand cela permet au producteur de gagner du temps à court terme (désherbage plus facile, ...). En bio il faut être plus présent dans son vignoble, selon Jean Yves Bechet, propriétaire du Château Fougas, en Gironde. A priori seuls 1600 viticulteurs seraient référencés dans la catégorie des producteurs biologiques en France avec 2 % des surfaces viticoles, soit 17 000 hectares (à voir si ce chiffre comprend les producteurs de l'agriculture raisonnée qui limite les apports chimiques sans les interdire ? Si vous avez des informations précises, n'hésitez pas à nous les communiquer en commentaire).
La bio, c'est une philosophie qui s'installe progressivement...Et certains y réussissent très bien. Exemple d'une femme productrice, Anne Claude Leflaive, propriétaire du domaine Leflaive, en Bourgogne qui a reçu le titre de "meilleur domaine de vin blanc du Monde", décerné par le magazine Britannique Decanter

Comment reconnaitre les vins bio ?
Pas de certification spécifique aux vins bio et c'est dommage ! La vinification n'étant pas règlementée, il s'agit plutôt de vin issu de raisins produits de l'agriculture biologique ou de la viticulture biologique. On retrouve sur les bouteilles les certifications et mentions liées à l'agriculture biologique en général : AB, Ecocert, Qualité France, Nature et Progrès, Demeter...Le vin bio représente 10 % du marché des produits bio. Il semblerait que 62 % des consommateurs de produits bio achèteraient moins de la moitié de leurs vins en vins bio, finalement une catégorie un peu boudée ou mal identifiée ?
Espérons que nous aurons bientôt plus de vrais vins bio sur les tables, en sachant que le passage à la bio prend du temps, le sol traité chimiquement peut mettre une vingtaine d'années avant de retrouver sa "propreté naturelle" et toute sa richesse de son sous sol.
Coup de pouce d'Abonéobio : je rencontre régulièrement à Terre et Terroirs un producteur qui met en valeur un vignoble de 5 ha situé entre les deux rives de la Loire, au sud d'Angers. Loic Mahé s'engage progressivement vers la bio. Aujourd'hui il conçoit des vins fruités, puissants, de l'Anjou Blanc, de l'Anjou rouge, des Coteaux de l'Aubance, Savennières,...en respectant le Terroir,

  • avec le respect des vendanges à la main,
  • des rendements limités pour permettre une concentration naturelle de la matière dans les fruits,
  • le respect de la faune et de la flore avec un enherbement naturel, l'entretien de la vie du sol, le maintien de la biodiversité, ...
  • et des vinifications traditionnelles avec des fermentations naturelles et élevage en fût de chêne blanc

A découvrir ! Domaine du Gué d'Orger à Ste Gemme sur Loire, en Anjou.
++ Défendre la biodiversité, une priorité pour Forest Garden Products