Le marché vidéo américain à la particularité de produire des suites low-budgets aux blockbusters. Ces low-budgets ne sortent jamais ou presque sur grand écran. Ils sont là pour creuser le concept initial, sans tenter de le magnifier, et surtout gagner de l’argent facilement. Il s’agit de produire des séries B efficaces, souvent généreuses en gore, en plans nichons et en teenagers dessoudés sans forcément se soucier de faire un bon film. Après un médiocre Starship Troopers 2, le troisième opus tente un retour aux origines. Pari réussi ?
tarship Troopers 3 – Série B fauchée mais sympathique
La guerre continue à faire rage contre les arachnides. Johnny Rico (du premier Starship Troopers) est devenu colonel mais est menacé de peine de mort pour avoir oser se rebeller contre un ordre. Lorsque le Sky Marshall Anoke, véritable figure emblématique de la fédération se retrouve bloqué sur une planète inhospitalière, Johnny est envoyé en mission de secours…
Starship Troopers est un monument de la S.F. Sous couvert de film d’action décérébré, c’est une véritable charge contre le militarisme à outrance et la politique américaine. Paul Verhoeven y décrit un système totalitaire, assez proche du nazisme, glorifiant les héros de guerre, écrasant toute protestation, et utilisant les médias comme principal outil de propagande, via les fameux « You want to know more ? ».
Le deuxième opus, petit budget oblige, avait décidé de se concentrer sur une petite station attaquée par les arachnides et surtout sur un parasite pouvant s’infiltrer dans le corps de n’importe qui pour le contrôler. En pseudo-remake de The Thing de Carpenter, le film loupait le coche car il se reposait uniquement sur les effets gores en oubliant l’histoire. De plus, le côté huis-clos de l’histoire ne permettait pas de mettre en valeur l’univers totalitaire de la franchise. Un ratage.
Alors quand le troisième ambitionne de retrouver l’ampleur du premier, sa propagande, ses vagues monstrueuses d’arachnides et son côté space-opéra, on attend le résultat avec impatience. Seule ombre au tableau : un budget anémique, équivalent à peine au budget alcool d’un film avec Mickey Rourke. Difficile dans ses conditions d’avoir une débauche d’effets visuels et l’ampleur du film initial. Mais le réalisateur s’en fiche et se lance quand même.
Forcément le résultat à l’écran fait parfois pitié, en raison d’incrustations moches ou de modèles 3Ds au rabais. Mais à partir du moment on décide de faire abstraction de ce fait, on peut plonger avec plaisir dans le film. Car en effet le réalisateur se lâche. On retrouve les fameux « You Want to Know more » dont le premier particulièrement excellent présente la nouvelle arme de pointe de la fédération : la pelle, car elle permet de creuser des tranchées pour s’abriter… ou encore une présentation du Sky Marshall Anoke, véritable icône de la fédération et chanteur du célèbre : « It’s a good day to die »…
Bref, on retrouve totalement cette ambiance de société d’extrême-droite basée sur le culte de la personnalité, mettant les troopers au cœur de son système, et ne vivant que par et pour la guerre (les dissidents parlant de paix étant traités comme de vulgaires terroristes et exécutés, même s’ils sont en chaise roulante). Le film va loin. Très loin. Dans son final, il traite même de Dieu, considéré comme étant un sauveur incontournable et un appui indispensable de la fédération.
Un spectateur non avisé pourrait se demander pourquoi diable ce film parle-t-il de tels sujets, et pourrait le considérer comme un énorme ratage. A mes yeux il n’en est rien. En tombant dans le too much religieux, le film fustige encore un peu plus l’attitude américaine, mêlant politique et religion afin de mieux contrôler les foules. Il suffit de regarder les discours de McCain pour comprendre à quel point le sujet peut être brûlant la bas.
Bref, Starship Troopers 3 n’est clairement pas le film du siècle, mais il continue de fort belle manière la réflexion sur cette société totalitaire. Un film de SF contestataire avec des monstres, du sang, des plans nichons gratuits et surtout une formidable chanson … que demander de plus ? Peut être du budget… car avec le même script, Paulo Verhoeven nous aurait pondu une deuxième bombe !