
Avant toutes choses, je conseille la consultation du blog de la Pinacothèque de Paris, et le commentaire audio de Marc Restellini commissaire de l'exposition. Le parcours et le profil de Soutine sont instructifs à bien des égards, et permettent de compléter par exemple la réflexion sur l'image romantique de "l'artiste maudit". Nous avons ici le cas d'un artiste ayant cherché à donner de lui-même l'image d'un artiste maudit qu'il n'était pas. Ce n'est pas si commun. Autre sujet de méditation : les difficiles rapports de l'artiste à l'art juif, dans la mesure où il fuit le milieu juif qui le bride en matière de figuration picturale pour rejoindre le milieu antisémite de Paris qui le bride aussi. N'est-ce pas là un joli paradoxe pour un créateur d'image que d'avoir été recouvert par celles qu'il a forgé sur son propre compte et celles qu'on lui a collé sur le dos ?

La muséographie très originale apporte un peu de fraîcheur dans la grisaille parisienne : les culeurs de Soutine exposées su des murs bleus, vert, bruns, ça nous change des murs blancs façon Moma. Seul regret l'architecture du lieu, chaotique et souterraine, programmée pour la bousculade et l'inconfort de la marche, faite de coins et de recoins, de piliers mal placés, aggravée par le désir d'accumuler sur un espace réduit un trop grand nombre d'oeuvres : les cimaises divisent à ce point les pièces qu'elles forment d'étroits passages où les visiteurs se glissent en se bousculant, et se bouchent la vue les uns des autres. Pour une oeuvre qu'il aurait fallu redécouvrir, on aurait souhaité un confort minimal.
Chaïm Soutine, à la Pinacothèque de Paris, Place de la Madeleine, jusqu'au 2 mars