En allant voir la manière dont le Palais de Tokyo s’est installé au Château de Fontainebleau (jusqu’au 17 novembre), je m’attendais, influencé par les audaces passées du Palais et les promesses futures de Koons à Versailles, à une expérience décoiffante de confrontation du patrimoine et de l’art contemporain.
Déception. Les ors du château (un peu décrépits ici et là) écrasent des pièces gentillettes, ni provocatrices, ni audacieuses, et les meilleures ont un parfum de déjà vu. Certes on commence bien, juste derrière la grille du château, dans le bruit des marteaux-piqueurs émanant d’un trou creusé dans le sol, entouré de palissades et surmonté d’une pancarte ‘Entrée pour le centre de la terre’ (ou, en Anglais, centre du monde, étrangement); mais c’était déjà à la FIAC. Je ne sais pas qui est Thomas Sandri, présumé auteur; la pancarte de chantier crédite les deux complices de la Galerie Loevenbruck, Hervé et Alexandra, et Werner Reiterer, sans doute le créateur, mais rien n’apparaît dans le programme.
La musique discrète de Ceal Floyer peut charmer, les sommets de montagne de Luca Francesconi (mal présentés dans une superbe chapelle) faire rêver, la bibliothèque d’Unabomber présentée par le collectif Dora Winter faussement inquiéter, la promenade dans les salles du château est bien morne.
On s’égaye de nouveau face à l’éléphanteau Würsa de Daniel Firman, superbement placé dans la bibliothèque de la Galerie de Diane, et surtout devant le cadavre de chat (Beginnings of Space Travel) gonflé à l’hélium de Werner Reiterer (encore), collé au plafond cependant que, sur les fresques de cette cage d’escalier, les chiens de chasse l’entourent.
Mais c’est bien peu, et le dialogue est bien ténu. Une occasion manquée.
P.S. qui n’a rien à voir : allez absolument voir Le Sel de la Mer, d’Anne-Marie Jacir, sans tarder.
Photos de l’auteur.