Dans le fleuve d’Héraclite
Dans le fleuve d’Héraclite
poisson pêche poissons,
poisson équarrit poisson avec poisson tranchant,
poisson construit poisson, poisson habite poisson,
poisson s’enfuit de poisson assiégé.Dans le fleuve d’Héraclite
poisson aime poisson,
tes yeux, dit-il, brillent comme poissons au ciel,
je veux nager avec toi jusqu’à la mer commune,
ô, toi, la plus belle du banc .Dans le fleuve d’Héraclite
poisson inventa poisson des poissons,
poisson se met à genoux devant poisson, et chante,
et prie pour que poisson lui accorde une nage légère.Dans le fleuve d’Héraclite
moi poisson singulier, moi poisson distinct,
(ne serait-ce que de poisson-arbre et de poisson-rocher),
j’écris à mes heures précises petits poissons
à l’écaille si furtivement argentée,
que c’est peut-être la nuit qui cligne des yeux, perplexe ?***
Certitude
-Es-tu certain que notre navire
vient d’accoster aux déserts de Bohême ?
- Certain, monseigneur.
C’est de Shakespeare, qui, j’en suis certaine,
ne fut pas quelqu’un d’autre. Quelques faits, une date,
Un portrait presque de son vivant…Est-ce si peu ?
Faut-il attendre une preuve, que la mer emporta
pour la jeter sur les plages bohémiennes de ce monde ?
Wislawa Szymborska, De la Mort sans exagérer, traduit du polonais par Piotr Kaminski, Fayard, 1996, p. 26 et 55
Je propose de lire à la suite de ce second poème, celui d’Ingeborg Bachmann, La Bohème est au bord de la mer.
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