Marre! Mike Thomann et sa femme, Kimy, piliers de la vie nocturne de Crans-Montana, vont fermer Le Barocke, une des deux discothèques de la station. Ils seront encore là pour la saison d’hiver et ils s’en iront vers d’autres défis. «Cela fait une heure que l’on est ouvert et on a fait 30 francs de chiffre d’affaires… Ce n’est plus possible», calcule Mike Thomann en tapotant sur sa montre. A minuit, c’est le calme plat au Barocke et le vide attire le vide. A 2 h 20 tapantes, lorsque les bars de la station vont fermer, cela va être la déferlante. Et il faudra fermer à 4 heures précises. En gros, 1 h 20’ pour faire la caisse de la soirée. Mike et Kimy partent la tête contre le mur.
«Je ne comprends pas les heures d’ouverture imposées par la commune, déplore Kimy, résidente du premier «Loft Story» sur M6. Je ne sais pas ce que veulent réellement nos autorités.» «A Crans, on a une Ferrari, mais pas de réel conducteur», enchaîne Mike Thomann. Philippe Nicolle, tenancier du Monk’is, pense que la carrosserie de la a Ferrari brille plus qu’on ne le croit. «Il faut arrêter de faire dans l’autoflagellation. Je tiens un bar où la clientèle arrive vers les 23 h 30 et mes affaires s’améliorent d’année en année…» Pourtant, Philippe Nicolle pense aussi que la Ferrari de Crans devrait avoir un réel plan de route. «Ici, il y a une mentalité très suisse, sans être méchant. Il n’y a pas de stratégie claire. On attend, on regarde, on n’anticipe pas! Là, maintenant, nous avons besoin de cadre…»
Ville morte
Pour y arriver, il faut d’abord résoudre une certaine schizophrénie… «Il existe une dualité entre les résidents et les touristes qui viennent pour s’amuser, résume Dominique Fumeaux, directeur de Crans-Montana Tourisme. Notre position est très claire: on vit dans une station touristique, donc une station qui s’amuse. S’il y a une discothèque qui ferme, cela nous préoccupe… Si nous ne prenons pas certaines décisions, nous pourrions devenir une ville morte…»
1000 étudiants
Bref, il y a urgence à faire avancer le Schmilblick touristique et économique. Mike Thomann aurait aimé des réponses à certains courriers. Philippe Nicolle rêve de mettre tous les acteurs autour d’une table. On y débattrait d’un établissement qui revient sur toutes les lèvres… «Aux alentours de Crans, il y a l’Ecole hôtelière des Roches, soit 1000 étudiants de 80 nationalités différentes. Il faut savoir aujourd’hui séduire la nouvelle génération», appuie Philippe Nicolle. Injecter du Botox dans la clientèle, Francis Tapparel, président de Montana, se déclare partant. «Il est normal d’avoir des établissements qui ciblent les jeunes. Certes, ils se défoulent, ils sont un peu bruyants, mais nous sommes tous passés par là… Je me mets avec plaisir autour d’une table pour discuter de cadre précis. Comme de demander de prendre des Securitas lors de périodes plus chaudes, comme Noël ou Nouvel-An…» A force d’intentions, Crans-Montana va peut-être avoir un Schumacher dans sa Ferrari.
Source: Le Matin, un article de Joël Cerutti