Il est de notoriété publique que l'île de Pâques ou Rapa Nui représente pour le Chili un de ses trésors nationaux dont il peut s'enorgueillir ŕ juste titre car ce petit territoire de 163,6 km 2 réunit ŕ lui seul un ensemble de curiosités historiques presqu'uniques au monde.
Non seulement sa civilisation a taillé et érigé plus de 1000 statues (moaď) dont plus de 300 sur environ 150 monuments (ahu).
En plus de cela, nous savons qu'elle possédait une écriture presque unique au monde, c'est ŕ dire en boustrophédon inversé (une ligne ŕ l'endroit, une ligne ŕ l'envers) dont il ne subsiste que 26 exemplaires sur bois dans le monde. Curieusement, l'île ne possčde aucune tablette authentique. Nous savons également depuis 1978 que les statues possédaient des yeux en corail phosphorescent alors qu'il n'y a pas de barričre de corail ŕ l'île de Pâques et que ces statues représentent des ancętres ayant été une fois dans leur existence "homme-oiseau". En réalité, ce sont les plus grandes jamais taillées dans le Pacifique puisque la plus grande, déplacée sur 7 kms, faisait 8 mčtres de haut et pesait 80 tonnes sans son pukao (coiffe) et la plus grande restée couchée dans le flanc extérieur de la carričre du Rano Raraku, 21 mčtres et 200 tonnes.
Nous savons ŕ l'heure actuelle que 70.000 personnes se rendent annuellement sur le nombril du monde (te pito o te henua) pour admirer ces merveilles dans des sites qui laissent le visiteur plein d'émerveillements pendant le reste de sa vie mais lorsqu'ils se rendent au musée d'Hanga Roa, ils sont tout étonnés de la tristesse des lieux, un musée sans âme et dont semble ne se préoccuper les dirigeants du continent.
Pourtant en 1995, l'île de Pâques est devenue patrimoine culturel de l'humanité et de ce fait, l'Unesco a pű attribuer des sommes importantes au Chili pour la préservation des moaď, des objets ainsi que l'embellissement et le développement des collections du musée d'Hanga Roa.
Que pouvons-nous constater ? Tout d'abord que les 17.000 objets recueillis pendant les fouilles et la reconstruction du Tongariki en 1993 sont partis pour analyse ŕ Santiago et que jusqu'ŕ présent il semble que ces pičces ne soient pas encore revenues sur l'île.
En décembre 2004, une remise officielle de 2 copies en bois de tablette rongo rongo (La Keiti, disparue dans l'incendie de l'université de Leuven en Belgique en 1914 et la 4e de Honolulu, jamais montrée) au directeur du musée d'Hanga Roa a eu lieu en présence de la télévision. Ces pičces pičces ont été offertes par un spécialiste mondial de l'île de Pâques qui en a déjŕ reproduit 9 soit plus de 4500 caractčres gravés ŕ la dent de requin.
Que constatons-nous ? Malgré des démarches auprčs de la présidente du Chili, auprčs du conseil des monuments nationaux, du gouverneur de l'île, du maire de l'île, du conseil des anciens, non seulement les tablettes ne sont toujours pas exposées dans une vitrine mais elles sont oubliées dans un tiroir. Il semble que le musée ne reçoive absolument aucune aide, aucun moyen de mettre en évidence ce patrimoine unique au monde.
On se demande réellement ce qui a lieu de faire pour que cette triste situation cesse et que les autorités compétentes prennent certaines dispositions pour que ce musée soit enfin doté de toutes les vitrines et matériel indispensables pour préserver son patrimoine.
François Dederen "Te Pito", diffusion culturelle du Pacifique, directeur de la publication "L'écho de Rapa Nui".