Alors que les Etats-Unis acceptent d'enquêter sur l'une des plus grosses bavures en Afghanistan, l'ONG Human Rights Watch publie un rapport alarmant sur le nombre de civils tués par la coalition.
La plupart des victimes civiles résultent de frappes ponctuelles d'appui de troupes au sol ou de bombardements décidés lors d'opérations d'urgence, plutôt que d'opérations planifiées à l'avance, relève HRW. Ces erreurs de cibles "ont dramatiquement diminué le soutien de l'opinion publique au gouvernement et en faveur de la présence de forces internationales". "Les victimes civiles de frappes aériennes sont également un outil qui aide au recrutement des talibans" s'émeut l'ONG. L'association reproche également à Washington de ne pas toujours immédiatement reconnaître sa responsabilité pour les victimes civiles et de mener des enquêtes unilatérales.
Drame d'Azizabad : une vidéo sème le doute
Un exemple récent de ce manque de transparence a été donné par les Etats-Unis lors du bombardement, le 22 août dernier, du village d'Azizabad dans la province d'Herat. Le raid de la coalition a provoqué la mort de 90 civils, en majorité des femmes et des enfants, selon un bilan de Kaboul et de l'Onu. Le 2 septembre, la coalition "Operation Enduring Freedom", commandée par les Etats-Unis, avait confirmé après une enquête interne la mort de "5 à 7" civils et de 30 à 35 talibans. La réfutation du bilan de l'Onu et de Kaboul avait rendu furieux Hamid Karzaï qui avait évoqué une renégociation des termes de la présence des forces internationales dans le pays.
Cette version officielle, très contestée, devrait sans doute évoluer. Les forces américaines ont annoncé lundi mener une nouvelle enquête sur le drame qui pourrait devenir la bavure la plus grave de la guerre d'Afghanistan. De nouveaux indices provenant d'images vidéo jettent le doute sur le bilan défendu par la coalition. Le film, enregistré sur un téléphone portable par un habitant du village bombardé, montre au moins 30 corps, dont plusieurs enfants, roulés dans des linceuls et des couvertures alignés dans une mosquée.
Source du texte : FIGARO.FR