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Sarkozy précipite la Turquie dans les bras de l'UE

Publié le 08 septembre 2008 par Careagit
C'est une conséquence incolore, inodore et pourtant bien réelle des conflits qui agitent l'actualité du moment. Historiquement, l'on ne sait que trop que les conflits armés déplacent les lignes géopolitiques, rebattent les cartes trop poussiéreuses. La nature et l'histoire n'aiment pas le vide.
Il y a peu, un constat (un peu amer, je dois bien l'avouer... nous y reviendrons) s'imposait devant mes yeux. Sarkozy, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, précipite la Turquie dans les bras de l'Europe. Qu'il s'agisse des conflits armés au Moyen Orient ou bien même de celui opposant Russes et Géorgiens, les lignes tanguent, les partenaires s'effacent et sont remplacés par d'autres. Pour le moment le changement est discret mais le constat fait il y a quelques semaines allait bientôt se voir confirmer par une tribune de Bernard Guetta (France Inter) diffusée Vendredi.
Tout se déroule comme si le président était subitement frappé de schizophrénie aiguë, tout tiraillé qu'il doit être entre son mandat de président Français et de président de l'Europe. Dans le premier, Sarkozy n'a cessé de veiller pendant la compagne présidentielle (et même après) à ne pas froisser les franges de son électorat les plus réfractaires à une adhésion Turque. Cette apparente opposition allait pourtant être mise à mal quelques temps après lorsque plusieurs journaux découvrirent la soudaine ouverture des négociations d'adhésions avec la Turquie. Pas de panique nous disait-on, la Turquie est loin d'être intégrée en Europe tant les chantiers fixés par Bruxelles s'avéreront complexes à réaliser pour les Turcs.
Mais voilà, nous sommes une année plus tard - seulement une année - et, déjà, la Turquie montre des signes d'adaptation encourageant dont l'Elysée, dans son costume de présidence européenne, se "félicite" dans un communiqué pondu samedi soir sur le coup des 20h. Parmi les innombrables chantiers fixés par Bruxelles aux dirigeants Turcs, se trouvaient l'inévitable question Arménienne et l'hypothétique reconnaissance du génocide. Cette question est sans nul doute le principale "différent" qui éloigne encore la Turquie des frontières européennes. Il se trouve que tout cela se goupille à merveille puisqu'il est d'ores et déjà prévu que les deux ministres des affaires étrangères Turcs et Arménien se rencontrent à New York. Si nous n'en sommes pas encore au stade des embrassades amicales entre les deux parties, vous avouerez que cette entrevue Onusienne qui devrait se dérouler en fin de ce mois devrait faire bonne figure dans le dossier de candidature de la Turquie en vue de son intégration dans l'Union.
Comme une cerise sur la gâteau, le chronique de fin de semaine du journaliste Guetta vient en confirmation de tous ces évenements. Ce dernier revient brièvement sur la toute dernière visite de Sarkozy en Syrie durant laquelle el présidente se serait fendu d'un encouragement marqué à la Turquie. Omnibulé par l'importance croissante de la France dans les négociations concernant le triptyque Syrie, Palestine, Israel, Sarkozy semble avoir du même coup oublié la portée de tels propos balbutiés par le Président en exercice de l'Union Européenne himeslf. Jugez plutôt:
"Les Turcs [...] ont fait un travail remarquable qui doit aboutir à des négociations directes et c’est toute l’Europe qui est reconnaissante à la Turquie"
Fort de sa situation géographique autant que de son positionnement idéologique, sociétal et religieux à mi chemin entre occident et Moyen-Orient, la Turquie s'octroie à juste titre et depuis un certain temps, la paternité de négociations entre différents acteurs influents des conflits armés de la région. L'Europe d'une part, et la France d'autre part, toutes deux aveuglément lancées dans une quête au renforcement des "pouvoirs géopolitiques" vis à vis des USA ou même de la Russie se retrouvent bêtement opposés sur l'importance à donner à tels ou tels acteurs. En l'espèce ici, la Turquie. L'accroissement des pouvoirs géopolitiques de l'Union au Moyen Orient et ailleurs passera pas la Turquie. Ankara l'a compris, joue la carte au maximum et le montre à Bruxelles. Sarkozy semble avoir reçu le message mais devra tôt ou tard annoncer la nouvelle à son électorat.
C'est ainsi que la semaine passée dans l'indifférence générale, le candidat anciennement féroce opposant à l'intégration de la Turquie en Europe s'est fendu d'une reconnaissance officielle, franche et directe en direction d'Ankara, réclamant "une reconnaissance Européenne".
Décidémment en Sarkozie politique, le paradoxe est roi.

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