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Peut être le Rocky le plus célèbre.
Pas par sa sensibilité, ni sa finesse, non non, mais pas sa réjouissante médiocrité.
Rocky, ce gentil beauf des fin fonds de la Philadelphie s'en va donc dans la cambrousse sibérienne (recréée au Canada) pour couper du bois, se laisser pousser la barbe, et gravir des montagnes en hurlant son oeil du tigre les bras gesticulant en l'air. L'image en restera gravée dans les cimes du nanar.
Mais plus encore que le personnage de benêt de Stallone, c'est ce monolithe inexpressif que nous sert ce bon vieux Dolph (monument à glorifier pour toute cette magnifique carrière au service du navet), shootés aux anabolisants (à noter la scène très subtile de l'entraînement, où comment le savoir de l'est ne vaut rien contre la débrouillardise de l'ouest; un vrai théoricien ce Sylvester) qui reste l’un des éléments les plus savoureux du métrage. L'apothéose du film se trouvant donc dans sa dernière partie, ce combat de titan, totalement outrancier, où l'on se bat pour sauver sa vie, jusqu'à y gagner la guerre froide. Le spectateur, en larmes, assiste à un discours bouleversant, déchirant, d'un Rocky en pleine gloire, acclamé autant par les russes que par ses compatriotes. La scène ne sera détrônée que par Jean Claude Van Damme en ambassadeur musclé de l'ONU dans Street Fighter, pour un discours encore plus puissant dans le nanar.
Rocky IV, ce film déjà has been à sa sortie ne restera dans les tablettes d'histoires que grâce à cette force nanardesque surnaturelle, sanctifiant le personnage loin des intenses moments d'émotion de ses débuts (rattrapés depuis par un sixième épisode magnifique). Rocky IV est donc l’essence du pur plaisir coupable, très gras en plus d'être très drôle.
Et c'est bien pour ça qu'on l'aime.