Un exemple de sous-titres anglais bien meilleurs que la version française :-)
Dernièrement, j'ai regardé un épisode de la série Esprits Criminels (Criminal Minds) avec ma famille. Il était en version originale sous-titrée français (VOSTF) et mon père a commencé à se plaindre qu'il ne pourrait pas dormir en suivant (comme il le fait souvent). Avec mon petit frère, nous avons répondu que ça n'enlèverait rien à la série, et que ça nous ferait du bien de réviser notre anglais (il nous arrive d'être plutôt convaincants). Une fois l'épisode lancé, mon papa a rouspété que les sous-titres défilaient trop vite et qu'il n'avait pas le temps de tout lire. Mon frère et moi avons vraiment apprécié et comme à chaque fois, on a finit par se moquer de la version française. L'idée d'écrire cet article découle de cette soirée, mémorable et instructive.
Donc, voici les raisons pour lesquelles je suis persuadée que la version originale sous-titrée est plus intéressante que toutes les versions françaises possibles et imaginables, aussi réussies soient-elles.
Avant de commencer, je vous épargne l'argument des profs et de tout pédagogue qui vous fera remarquer que c'est très bon pour votre culture linguistique. Même si c'est un excellent argument, je ne vous mentirez pas en vous affirmant que vous allez parler anglais du jour au lendemain, seulement parce que vous adorez South Of Nowhere. Par contre, ça risque fort d'élargir votre répertoire de gros mots. Ce sont les premières choses que l'on retient en général et il faut dire que les « fuck » et « shit », répétés à tour de bras, ont tendance à très bien se retenir. Avec l'accent je vous pris.
Premier argument et non des moindres. La fidélité des dialogues et du contenu. Exemple Tara dans Buffy contre les Vampires qui dit à Willow. « I am, you know. Yours », traduit en version française par « Je le suis, des vôtres. » alors que le sous-titre tient compte du contexte et de la signification première en écrivant « Je le suis. À toi ». Ça a l'air de rien ? Mais ça dénature tout le texte et l'histoire !!! Argument simple mais qui a tout son poids. Combien de dialogues ont été dénaturés par la version française ? Des déclarations trop osées ou politiquement incorrectes atténuées et enjolivées ou complètement transformées. Xena, à ce titre, reste la série ayant le plus souffert d'une politique de censure extrême ayant permis de faire disparaître la plupart des sous textes (subtexts) de la version française. Parce que oui, je le dis et je le maintiens, la version française reste un très bon moyen de censurer ce que le PAF (Paysage Audiovisuel Français) ne trouve pas politiquement correct.
Deuxième argument qui rejoint le premier, la synchronisation. C'est sympa de voir que les mouvements des lèvres des acteurs correspondent aux dialogues. Pour faire coller ces dits mouvements, la version française tend à rajouter des mots ou a en enlever. C'est dommage. Et puis ça a quelque chose de très gratifiant de regarder un acteur bouger les lèvres sans prononcer de son et de savoir quel gros mot il vient de dire…
Troisième argument. Les voix et les personnages. Un acteur a sa propre voix. Je sais que cette phrase semble nulle mais elle est réellement cruciale. Vous assimilez très rapidement un personnage à une voix. Un exemple courant, Bruce Willis et sa doublure voix française. Une voix, un visage. Quand le doubleur a changé pour le film Incassable, ce n'était plus le Bruce Willis que l'on connaît. Ça ne collait plus.
J'ai découvert Six Feet Under en version originale sous-titrée. Je n'ai jamais pu regarder la série en version française tant les voix me semblaient mal choisies. Elles ne correspondaient pas aux acteurs et aux personnages. L'erreur flagrante de The L-Word, que je ne pourrai jamais suivre en version française, est d'avoir repris des voix que nous connaissons tous. Virginie Ledieu, qui est la voix française officielle d'Alyson Hannigan, double Tina Kennard. Vous y croyez ? Pareil pour Danièle Douet, qui doublait Helen Hunt dans le rôle d'Amie Buckman pour la série Dingue de Toi, et se retrouve à faire la voix de Bette (Jennifer Beals). Et Erin Daniels, doublée par Laurence Dourlens, qui est déjà la voix française de Sara Sidle dans Les Experts, de Billie dans Fastlane et Sidney dans Sidney Fox. Vous suivez ? Des voix trop connues qui nuisent à la crédibilité des personnages…
Quatrième argument ou réponse à ceux qui disent que ça fatigue de lire. On n'est pas des larves ou pour reprendre la superbe métaphore de l'un de mes profs lorsque j'étais en terminale, des méduses échouées sur une plage, flasques, visqueuses, inutiles et mortes. Quand on regarde la télévision, on peut être acteur, réceptif et critique. On peut tout simplement être attentif (sauf devant Derrick).
Et si ça va trop vite, ben on s'entraîne en regardant plusieurs épisodes. L'entraînement est nécessaire dans tous les domaines et l'entraînement vient de la pratique régulière. Verdict : un à deux épisodes par semaine, concentré sur le texte et ça vient tout seul.
En conclusion, si vous voulez vraiment découvrir une série ou un film dans sa réalité et son intégralité, il n'y a rien de mieux que la version originale sous-titrée. Pas de censure, pas de dénaturation, pas de déclarations ou de dialogues supprimés, juste ce que vous voulez voir. C'est tout.