Emma ou l'histoire du bébé miracle

Publié le 08 septembre 2008 par Willy


Mickaël Standly et Karine Pongérard, parents d'Emma, bébé prématuré qui aura un an le 14 septembre,
8 mois et demi en réalité.

" À quatre mois de grossesse, nous savions que nous aurions une fille et un garçon, Emma et Nathan. Tout se passait bien. Le 29 août 2007, à 23 semaines plus 3 jours d'aménorrhée, j'ai perdu du liquide transparent. Inquiète, j'ai appelé mon gynéco. Mon col de l'utérus était ouvert et la poche d'Emma s'était rompue. J'ai été hospitalisée en urgence puis alitée pendant dix-sept jours. On m'a dit que j'étais sur le point de faire une fausse couche tardive étant donné que le délai légal pour qu'un enfant soit viable est de 24 semaines.

J'ai accouché à 25 semaines plus 5 jours. Emma est née la première. Elle pesait 730 grammes et mesurait 30 centimètres, puis Nathan (760 g, 30 cm). Je n'ai pas eu le temps de les serrer contre moi, ils ont été transférés en néonatalité et intubés. C'était très frustrant. Emma a été ex-tubée au bout de cinq jours et respirait avec un masque. Les poumons de Nathan étaient tellement fragiles qu'il a fait un arrêt cardiaque au bout de six jours, puis un second qui a entraîné des lésions cérébrales. Nathan s'est éteint au bout de quatorze jours. Et on ne savait pas quel serait l'avenir de sa soeur jumelle. Les médecins nous ont dit au bout de deux mois et demi qu'elle pouvait sortir de l'hôpital. Nous sommes allés la voir tous les jours. Notre vie a été mise en suspens. Je (Mickaël) n'ai jamais bu autant de café de toute ma vie !

Vivre la prématurité a été stressant. Chaque jour, c'était l'inconnu. Quand Emma est rentrée à la maison, nous étions à la fois heureux et angoissés car, à l'hôpital, on était entouré 24 heures sur 24. Elle a mis deux mois et demi avant de pouvoir respirer, enfin, sans masque ni lunettes à oxygène. C'est grâce à elle qu'on a tenu. Aujourd'hui, Emma, qui est une extrême prématurée, évolue très bien et ne présente aucune séquelle. Jusqu'à ses six ans, elle sera suivie au Centre d'action médico-sociale précoce (CAMSP), à Saint-Brieuc. Elle s'est battue pour vivre. On lui parlait, on la félicitait pour tous ses progrès. Elle est notre plus grand bonheur. L'âge moyen auquel un prématuré marche est 18 mois. Elle s'apprête à galoper et se tient assise depuis ses 7 mois d'âge corrigé : c'est cet âge-là qu'on prend en compte pour le développement psychomoteur. Emma va avoir un an le 14 septembre mais n'a en fait que 8 mois et demi.

Nous avons adhéré à l'association Bébés en avance parce que nous souhaitons apporter notre soutien aux parents qui sont confrontés à la prématurité. Personne ne peut imaginer ce qu'on a vécu. C'est un miracle si Emma est là aujourd'hui. Nous restons à l'affût du moindre rhume qui pourrait dégénérer en bronchiolite à cause de la fragilité de ses poumons. Il faudra du temps avant que la cicatrice ne se referme. Nous avons été confrontés à la mort. Nous ne voyons plus la vie de la même façon ".

Pratique. Association Bébé en avance, tél. 02 96 78 42 89 (Sophie Guihard, présidente). Internet : http://bebesenavance.wifeo.com