Russie, Géorgie, Ukraine : Sarkozy au front

Publié le 07 septembre 2008 par Juan

Ce lundi 8 septembre, Nicolas Sarkozy se rend en Géorgie puis en Russie. A l'issue du Conseil européen extraordinaire des chefs d'États européens tenu à Bruxelles 8 jours auparavant, l'Europe avait condamné l'invasion russe du territoire géorgien, refusé toute sanction économique et exigé un retrait russe dans les deux mois.
Cette fois-ci, Sarkozy se déplace accompagné du président de la Commission José Manuel Barroso et du diplomate de l'UE Javier Solana. Les Européens souhaitent obtenir le déploiement de soldats européens dans la zone de conflit, le retrait des forces russes dans les deux mois, et une date précise pour la conférence internationale qui traitera de "la sécurité et la stabilité" dans les deux républiques séparatistes géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.
Coïncidence du calendrier, un sommet entre l'Union européenne et l'Ukraine se tient à Evian (Haute-Savoie) le lendemain. En août dernier, au beau milieu de la crise entre la Russie et la Géorgie, l'Ukraine avait annoncé pouvoir intégrer ses "installations de détection antimissile" à un système européen ou en proposer les services à des "pays étrangers".... Les Russes l'ont mal pris.
Lors de ce sommet, l'Union européenne devrait proposer un "accord d'association" avec l'Ukraine, même si les avis divergent: la Pologne, la République tchèque, les Pays baltes, le Royaume-Uni et la Suède souhaitent son adhésion rapide à l'UE. L'Allemagne, l'Autriche, le Benelux s'y refusent.
L'Ukraine est un pays secoué et coincé, secoué par des polémiques internes à répétition (la dernière accuse la Première Ministre Ioulia Timochenko de ... complot contre l'Etat !) et coincé géographiquement entre la Russie et l'Europe. Le camp pro-européen se déchire.
Le secrétariat présidentiel distille depuis plusieurs semaines des rumeurs sur le soutien de Moscou à la candidature de Ioulia Timochenko à la présidence. Andreï Kislinski, chef adjoint du secrétariat de la présidence ukrainienne, évoquait en août un pactole "d'un milliard de dollars" réservé à la campagne électorale de Ioulia Timochenko par un comité de soutien mis en place à Moscou. Ce comité serait dirigé par Viktor Medvedtchuk, un Ukrainien proche du président russe Dmitri Medvedev, qui s'est récemment affiché aux côtés de Ioulia Timochenko ; en contrepartie de ce soutien, Ioulia Timochenko se serait engagée à protéger les intérêts économiques russes en Ukraine. La récente entente parlementaire de circonstance entre le Bloc Ioulia Timochenko et l'opposition prorusse du Parti des régions conforte les accusations de "trahison" de la part des adversaires du premier ministre. (source LE MONDE)
La position française est tout aussi coincée : d'un côté, Sarkozy s'est exprimé plutôt favorablement à l'intégration européenne. De l'autre, il essaye toujours de ménager Moscou...
Alors ?