Cloner chien et chat, clonage ou supercherie?

Publié le 07 septembre 2008 par Raymond Viger

Cloner chien et chat, clonage ou supercherie?

(Agence Science-Presse) – Ce qui est étonnant dans l’histoire du clonage de chiens, ce ne sont pas les 100 000$ l’unité; c’est que si peu de gens ont semblé douter du sérieux de la chose.

Une compagnie de biotechnologie va mettre aux enchères votre chance de cloner un chien, a en effet annoncé ladite compagnie, BioArts International, de Californie, le 21 mai. Cinq chiens pourront être clonés, et les enchères démarreront le 18 juin, à 100 000$.

Certes, la technologie existe: c’est la même qui a servi à cloner la brebis Dolly il y a une décennie. Certes, elle est loin d’être fiable, mais le taux de réussite s’est beaucoup amélioré depuis 10 ans, et un premier clonage de chien a été réussi en 2005.

Voilà pour les éléments solides. Pour le reste…

— La compagnie est en partenariat avec la firme Sooam Biotech Research Foundation de la Corée du Sud, dont le principal scientifique est celui qui a réussi ce premier clonage de chien, un certain Dr Hwang Woo Suk, tristement célèbre pour avoir par ailleurs falsifié ses résultats (à sa décharge, pas ceux du clonage de chien). « Je sais que l’association avec le Dr Hwang va être controversée », a reconnu lors de multiples entrevues, Lou Hawthorne, président de BioArts. Mais sa recherche sur le chien a fait l’objet de vérifications indépendantes. « Il est le meilleur, en matière de clonage de chien. »

— Les scientifiques considèrent le clonage du chien particulièrement difficile, en raison de la complexité de son système reproducteur. Les sociétés de défense des animaux sont déjà d’attaque pour une nouvelle lutte contre une technologie destinée à faire inutilement souffrir nos amis les bêtes.

— Lou Hawthorne a précédemment été impliqué dans une tentative ratée de cloner les chats de riches clients.

— Et même si l’animal cloné est, génétiquement, une copie conforme, cela ne signifie pas que son comportement sera le même: les vrais jumeaux humains peuvent développer des personnalités différentes, il en sera inévitablement de même pour un chien, suivant la façon dont il est élevé, son environnement, etc.

Cloner un chien ou des sous?

C’est depuis les années 1990 — depuis Dolly, en quelque sorte — que Lou Hawthorne apparaît périodiquement sur les écrans radars: il espérait alors cloner un chien, Missy, et avait à cet effet créé une autre compagnie, Genetic Savings & Clone, qui s’était par la suite concentrée sur le potentiel commercial du clonage de chats; il avait effectivement offert à qui le souhaitait de cloner son chat préféré pour la modique somme de 50 000 $. En 2006, la compagnie devait fermer ses portes après avoir dû payer des « sommes substantielles », qui n’ont pas été révélées, aux clients. Clients qui, bien sûr, n’avaient pas eu leurs clones.

« La technologie n’était pas raffinée », déclare aujourd’hui Lou Hawthorne, qui a lancé sa nouvelle compagnie en 2007. Mais la technologie est-elle davantage avancée aujourd’hui? À l’en croire, elle l’est, puisqu’un premier clone de Missy serait né en décembre dernier, et deux autres en février. Le Laboratoire de génétique vétérinaire de l’Université de Californie a confirmé que les trois chiens étaient des clones, pas juste des frères.

BioArts offre également une « garantie » d’un an, sur la bonne santé de l’animal. Mais pour une fraction de 100 000$, n’importe qui peut également obtenir un chien en bonne santé, né de la bonne vieille façon…

Quand la science joue sur l’émotion

Dans sa publicité, la compagnie BioArts joue très fort sur l’émotion : d’abord par son slogan, « Best Friends Again » (qu’on pourrait traduire dans le contexte par : Vos meilleurs amis, à nouveau).

Mais les scientifiques interrogés dans la presse américaine lui reprochent surtout d’utiliser l’ambiguïté pour toucher la corde sensible des gens (riches) affectés par la perte d’un chien: les photos et la promotion laissent en effet croire que cette perte peut ne durer qu’un temps, et que la science redonnera vie à leur animal préféré. Ce qui est une fausse promesse, considérant qu’il est improbable que l’animal ait, en plus des mêmes gènes, la même personnalité.

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