Deux patrouilles ont déjà ratissé la vallée d'Uzbeen. La troisième, et dernière, démarre le 18 août. Sur son passage, un soldat entend encore le long cri que
pousse un berger. «Ils avaient mis des guetteurs partout. Je n'ai pas compris à ce moment-là.» Aucun ne se souvient à quel moment deux interprètes afghans du régiment ont disparu. Mais
beaucoup en sont sûrs : «Tout le monde nous a trahis, même le village.» Ils disent avoir du mal aujourd'hui à «ne pas regarder les Afghans de travers, même ceux avec qui on
travaille». Un gradé : «Ils vont avoir une vision moins angélique de leurs adversaires.» Personne ne parle de vengeance. Ce n'est pas la peine. Quatre missiles Milan ont été tirés contre
le village, deux autres hameaux ont été détruits dans un raid aérien le lendemain. L'agence Pajhwok estime qu'il y aurait plusieurs dizaines de civils morts. «Je ne suis pas certain
qu'ils étaient directement impliqués dans l'attaque contre les Français, dit le colonel Rumi Nielson-Green, porte-parole de la coalition. Ca n'a aucune importance. Ils étaient
certainement au moins complices.»
Lu dans le Nouvel Obs du 28 août, sous la plume de Florence Aubenas