Un mariage nippon, il y a certainement mille et une façon de le célébrer. Tout dépend de son budget, tout dépend de sa religion, de son envie. Hier, j'étais à une de ces cérémonies ou étant donné le degré de parenté avec les mariés, le bon côté des choses dominent mes pensées. Néanmoins, comme bien souvent au Japon, se retrouver dans un tel évènement, fait de l'étranger un anthropologue intéressé par les à côtés du moment.
L'important reste le moment agréable, cela dit, il apparaît souvent déplacé pour un Français que même pour un mariage «classique» au Japon, tout soit délimité, tout soit prévu à l'avance, y compris les moments où il faut applaudir. Le menu ne donne pas seulement les noms des plats en japonais et en français (j'étais le seul pourtant, ont-ils fait cela pour moi ?!), les promesses imprimées à l'encre qui ne se retrouvent pas forcément en bouche, mais aussi les fameux speech, les moments où il faudra donc rire et les deux moments traditionnels où il faudra verser sa larme, surtout chez les filles de moins de 31 ans et qui se retrouvent célibataires dans leur groupe d'amies mariée.
Le premier est en général au moment où la meilleure amie de la mariée s'adresse à elle en chantant «Best Friend» de Kiroro. Enfin, celles qui pleures, se sont surtout les bonnes amies de la mariée qui sont toutes à la même table. Les collègues, tous des hommes, du marié sont à l'opposé et malheureusement, le temps du dîner ne permet pas de faire des rencontres.
La seconde séquence émotion du repas a lieu avec la lettre de la mariée à ses parents. Préparée et demandée par les organisateurs de l'évènement, mais vraie déclaration d'amour, passage obligé pour une fille qui quitte désormais le foyer familial, même si elle va habiter 2Km plus loin.
Reste ce qui a été le plus incompréhensible, le plus choquant, mais qui explique tout et montre que tous les acteurs que nous sommes dans cet évènement, ne sont pas dupes. Le coupage du gâteau.
A ma grand surprise, le magnifique gâteau aux fraises fut coupé par les mariés au tout début du repas. et après ce Cake Cut, vient la première bouchée où les nouveaux époux se donnent la bouchée la plus grosse possible.
Mais pourquoi diable commencer le repas en mangeant du gâteau ? Ne peuvent-ils pas faire ça avec l'apéro ? Du sucré avant le reste, beurk... Cette réflexion me vaut plusieurs critiques méritées:
-Sont-ce les Japonais qui planifient tout ou les Français avec l'ordre à respecter pendant un repas ?
-Je n'ai rien compris, cette première bouchée des mariés, c'est pour la photo, c'est une «performance» (en japonais katakana dans le texte).
Il n'empêche que rien n'explique pourquoi ne pas jouer la scène à la fin, avant le dessert...
Donc, personne n'est dupe. On vit un moment délimité de 3h30 précise pour 4 millions de yen et 60 invités. A la fin, la carte postale doit être superbe. Tout est fait et on nous demande de faire tout ce qu'il faut pour que ne reste que de magnifiques photos. L'organisation parfaite permet même aux organisateur de la compagnie organisatrice, de diffuser un film à la fin du repas, avec les noms de tous les invités et les images filmées dans les trois heures qui ont précédé. Il a resté 30 minutes pour que le staff, toujours très occupé, monte une vidéo de 5 minutes féérique. On regarde et se dit: «Ouha, on a vécu ça, qu'est-ce que c'est beau».
Le pari est gagné, les images qui restent sont belles et tant pis si les colonnes de la «chappelle» sont en plastique. Ce n'est pas fait pour être au Japon, ça doit ressembler à un rêve, à quelque part en Europe, un mix d'Italie et de France. Un décor de cinéma prêt à être démonté, du mobilier de qualité vu au Salon Maison et Objets l'année dernière. La célébration est donc l'achat de temps et de services dans un espace parfait pour les photos et qui nous donne l'impression d'avoir un peu voyagé.
Bref, la planification totale du moment empêche un bel imprévu, reste le plaisir d'avoir été ensemble pour un heureux évènement.