Douglas Bradley, jeune homme de la communauté noire d'Atlanta, ignore tout du passé, et de la famille de son père. Elevé dans une "certaine idée" de l'Amérique par un homme devenu cadre chez Coca-Cola, il est surpris lorsque la prestigieuse académie militaire de Colorado Springs refuse - contre toute attente - sa candidature, pourtant exemplaire. Menant l'enquête, il apprend bien vite qu'on lui cache depuis toujours l'existence d'une grand-mère et d'une tante, mais surtout la fin tragique de son grand-père paternel, pendu en France pendant la seconde guerre mondiale, et accusé de viol et d'agression sur une jeune normande...
Malgré quelques longueurs en début de récit, j'ai lu avec intérêt les aventures de ce jeune homme, parfois un peu naïf, souvent courageux, qui part en quête de vérité sur les traces d'un passé qu'il n'imaginait pas. Il nous permet de découvrir un autre "versant" de l'amérique, entre ségrégation et secrets d'Etat. J'ai, en fait, particulièrement aimé suivre Douglas Bradley en France, sur les lieux du débarquement des alliés, vision touchante des français et de leurs manies vus par un jeune américain. J'ai aimé craindre qu'il tombe aux mains du DIA. J'ai aimé ce roman d'aprentissage palpitant qui mêle faits réels et héros fictifs, avec dextérité. Il m'a laissé rêveuse... Il séduira très certainement les férus d'Histoire.
Un extrait (début du roman)...
"Il était quatre heures précises, ce matin du 14 août 1944, lorsque les pas retentirent dans le couloir de l'école primaire de Derville. Des pas lourds, pesants, d'hommes arrachés au sommeil pour une tâche qu'ils n'avaient pas choisie. Il avait fait anormalement chaud les trois derniers jours malgré une brise légère venue de la mer proche et l'atmophère ne s'était rafraîchie qu'aux dernières heures de la nuit. Etendu sur un lit de camp au coin avant gauche affaissé, le soldat en uniforme ne dormait pas. Vers dix heures, la veille, il était tombé comme une masse, assomé par l'alcool avalé d'un trait, cul sec comme on disait ici, au goulot de la petite bouteille pansue sans marque ni étiquette. Comment le maître d'école avait-il réussi à se faufiler dans l'obscurité jusqu'à la fenêtre pourvue de solides barreaux de fer pour lui faire passer, sans prononcer un mot cet alcool si différent du wisky auquel ils étaient tous habitués ? [...] Le vieil homme - c'est ainsi en tous les cas qu'il leur était apparu, vieux et amical - qui s'était adressé à eux dans leur langue le soir du bal, avait su en tout cas déjouer la surveillance des deux MP, les soldats de la police militaire, en faction devant la prison improvisée... Ce sommeil de brute avait été de courte durée."
Un titre lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices
Catégorie Policiers
ISBN 978 2 7491 0786 8 - 17 € - Mars 2008