Un autre ouvrage des éditions Esperluète, après La petite sirène de Myriam Mallié et Alexandra Duprez.
La petite de Pascale Tison, illustrations de Loren Capelli - Esperluète
La petite, dont nous ne saurons jamais le prénom, grandit dans un univers provincial petit-bourgeois étriqué, un lieu où les maisons sont « basses » et la terre « noire » ; une existence en vase clos (« le dehors n'avait pas encore percé le mur gris»), dans une maison aux allures de prison, entre des femmes terrifiées (à l'affût d’improbables menaces) dont la présence oppresse, et un père silencieux. Cet enfermement initial prédétermine en quelque sorte le rejet que la petite va subir à l'école, quand, pour échapper aux moqueries, aux coups des enfants et aux humiliations imposées par les maîtres, elle se retire dans un monde connu d’elle seule, et parcourt chaque nuit la maison obscure en quête d'aventures imaginaires. Puis vient la césure totale, quand le repli se fait si pesant que la petite « désapprend », prenant un retard démesuré sur les autres enfants, refusant d'entrer dans les moules prévus pour elle - elle se met à bégayer (une façon de protester face à l’impossibilité de communiquer ses souffrances à son père) et son mutisme irrite encore davantage ses tortionnaires : « il lui arrive aussi de ne plus pouvoir dire son nom quand on le lui demande. », mais toujours elle « prolifère à l’abri de la lumière» : car elle a beau désapprendre, certains noms restent gravés dans…