Septembre… la fin des vacances… Ne reste plus que ces photos téléchargées dès notre retour pour mieux revivre les bons moments passés.
Ne vous est-il jamais arrivé alors de vous retrouver avec 4… 5 fois la même photo sans savoir laquelle garder, n’osant pas cliquer sur “supprimer”, vous demandant si vous aviez finalement fait le “bon” choix, si vous aviez gardé la “bonne” photo ? Moi, si.
Au temps de l’argentique, tout était plus facile
, on ne se posait pas ce genre de questions. La photo permettait de conserver nos souvenirs, point. Plus rares (vous ne preniez pas dix fois la même photo pour être sûr que sur les dix, il y en ait une bien), les photos renvoyaient directement à ce que vous aviez vécu, à la tête que vous faisiez à l’instant t. Vous n’aviez pas de solution de rechange.Désormais,la photo numérique en offrant la possibilité de multiplier à l’infini le nombre de prises de vue (jusqu’à ce que votre patience et surtout celle des autres dise ”Stop !”) permet de conserver l’image que l’on souhaite conserver de nos souvenirs. Ou du moins une image proche de ce que l’on aimerait conserver (même avec dix photos, il arrive qu’elles passent toutes à la poubelle). Une image idéale en somme, sans fausse note, sans rature, sans ciel gris, sans grimace.
Les logiciels de retouche photo, devenus accessibles au grand public, ont signé l’ère du trucage en masse Tout est faux, tout est trafiqué. Et alors ?
Qu’y a-t-il au fond de dérangeant à s’arranger un peu avec nos souvenirs de vacances ? A partir du moment où son utilisation est limitée à un usage privé, une photo peut être truquée ou pas, l’important reste le souvenir qu’on lui associe.
La photo, témoignage d’une certaine vérité
Je vous invite à lire cet article de Hubert Guillaud “Comment la retouche d’image se popularise et transforme notre rapport à la photo”.
“A l’époque de la manipulation numérique, de nombreuses personnes pensent que les photos de famille ne doivent plus nécessairement évoquer ce qui a été, mais ce qu’on souhaiterait avoir vécu”, écrit-il.
Je suis assez d’accord avec lui, ou plutôt je dirais que les photos doivent évoquer ce que dont on a envie de se souvenir.
Quant à celles que l’on désire rendre publique, on n’imaginerait pas les publier sans une petite retouche par-ci par-là. C’est qu’elles renvoient directement à l’image que l’on a envie de montrer de soi.
Depuis longtemps, la photographie n’est plus la preuve des choses qui existent. Hubert Guillaud nous le rappelle dans son article. C’est peut-être là le plus gênant. Mais la photo n’a jamais été qu’une vue de la réalité, subjective, forcément subjective, arrangée, quand elle n’est pas mise en scène. Trafiquée, truquée, la photo est là pour nous montrer quelque chose, elle nous interpelle, nous questionne, nous indigne, nous impressionne, nous émeut… nous informe sur une certaine réalité, celle vue au travers du regard du photographe.