Newyorkorama
Arriver à Manhattan - en taxi - est une expérience sensorielle : visuelle et sonore, émotionnelle et charnelle. Un entre-temps mouvant où j’imagine que chacun passe à sa façon du voyage rêvé, de la ville désirée et fantasmée à la VILLE. Emporté le long de ses artères bitumées, dans le flot des véhicules qui convergent vers elle, vous vous approchez de son centre, inquiet, excité peut-être de la superposition de vos projections imaginaires et de la progressive présence concrète et incarnée de ce nom : New York.
Je décide de faire cette fois le trajet JFK – downtown en travelling arrière. Protégée dans l’habitacle du taxi, immobile, je fais dos au chauffeur et aux autres passagers. Je vois alors s’éloigner par la lucarne du pare-brise arrière la highway, le vieux Queensborobridge et enfin les avenues où le minivan trace sa route.Je dis lucarne car c’est une fenêtre carrée aux coins arrondis et elle ressemble à un vieux téléviseur qui passerait un film. Il y en a deux mais j’ai choisi la mienne. Accoudée au dossier de mon siège, le menton posé sur mes avants bras, je fixe la télévision du réel, la ville en mouvement, les avenues en ligne de fuite, le rectangle vertical du ciel, encore clair. La bande son m’est déjà connue : sirènes, vrombissement de tous les moteurs, quelques klaxons, et en arrière-fond, la rumeur lointaine et pulsée des métros, des trains, des Newyorkais eux-mêmes que je vois marcher dans un même mouvement fluide… Ne manque que Lou Reed à la radio, mais je superpose mentalement son « Dirty Boulevard » à mes 24 images/secondes…
Comme il y a un an, je sens monter ce sentiment d’ «exhilaration», entre excitation et bonheur sauvage, envie de rire et de crier, shoot d’énergie vitale et ce sont toujours des images cinématographiques qui défilent devant mes yeux. J’en suis la scénariste, la réalisatrice et à nouveau l’héroïne. Mon film s’appelle «Back in Town», «Retour à New York», «Here again », « Never lost in Manhattan », «New York 2008», « Nuits blanches à NYC » ou «Last Exit to New York»…
Je regarde en Newyorkorama géant toutes les bandes-annonces que la ville m’offre pendant plus d’une heure et de ma voix off intérieure, je commence à m’inventer des histoires, à écrire des lettres imaginaires à ceux, celui avec qui j’aimerais partager mes pensées…
(Cette première New York letter a été écrite dans le train, entre New York et Charlottesville, Virginia, où je suis partie passer quelques jours. C'est Hanna, tempête tropicale ou ouragan, les heures qui viennent nous le diront, qui m'a accueillie…)