Le problème de l’indignation, aussi légitime que soit son expression, c’est que son auteur court le risque de se voir assigné à résidence dans la catégorie détestable des râleurs, des aigris, des scrogneugneux professionnels ; bref, des fâcheux qui critiquent tout et ne proposent rien. On se souvient que cet argument fut (un peu facilement, mais c’est un autre débat) opposé au groupe Surcouf lorsqu’il dégaina contre le Livre Blanc.
N’ayant ni vocation à endosser ce méchant rôle, ni même la nature profonde de l’indigné compulsif, je me dois de signaler à votre attention des contributions qui élèvent le débat et, surtout, permettent de dépasser la seule lamentation des erreurs commises pour aller plus loin et proposer des pistes valables. On voit d’ailleurs poindre ici à la fois l’une des limites, mais aussi la richesse des blogs : sorte de journaux intimes, composés de billets nécessairement courts ne pouvant avoir la profondeur d’une étude de fond (comme pour un article ou un livre, par exemple), ils donnent parfois une image incomplète de la pensée de leurs auteurs, du moins si l’on s’arrête à telle ou telle prise de position reflétant l’humeur d’un moment. Par bonheur, des blogueurs amis, évidement travaillés par les mêmes interrogations, reprennent la balle au bond, enrichissent, transcendent, dépassent, critiquent, apportent une vraie plus value. D’où l’évidence qu’on n’a jamais raison tout seul et que la blogosphère francophone de défense tire sa force de la diversité de ses auteurs et des opinions qu’ils apportent.
Suite au malaise exprimé par votre serviteur, signalons donc le point de vue, plus réfléchi, plus mûr, plus stratégique en fait, d’Olivier Kempf. Il s’agit d’un texte rude, voire même brutal sur le fond, mais juste et nécessaire puisqu’il touche à la réalité de cette guerre, au fait qu’elle se mène aussi et peut-être même surtout à l’arrière.
Sur cette même ligne, et dépassant volontairement l’indignation telle qu’elle put s’exprimer ici ou là, F de St V., animateur de l’excellent « Mars Attaque », pose carrément la question de savoir ce que l’on doit faire maintenant. Article salutaire, bourré de bonnes idées, à lire absolument.
Parmi d’autres, ces deux auteurs n’accomplissent en fait rien de moins que l’un des mouvements les plus puissants de toute stratégie : ils reprennent l’initiative.