Je crois que ça y est, c'est officiel, j'en ai soupé des films dont les séquences ne sont pas dans le bon ordre. Surtout qu'il y a Sandra Bullock dedans, et que la demoiselle, j'en ai un tout petit peu marre de son jeu linéaire. Surtout quand elle joue la femme au foyer névrosée d'un politicard aux dents longues, je ne l'ai pas trouvée crédible une minute. Bref.
Mais bon, même si je fais abstraction de la demoiselle, je n'ai pas accroché au visionnage....Certaines scènes m'ont fait frémir, d'autres m'ont tenue en haleine, mais elles sont noyées dans une histoire faite de bribes de vie des uns et des autres, montées dans le désordre, vous l'avez compris. Mais malgré cela, je dois dire que depuis que je l'ai regardé, j'ai quand même largement cogité sur ce film.
La première chose qui m'a interpellée, c'est le racisme dont les protagonistes sont à la fois victimes et coupables. Et je ne parle pas seulement de racisme entre les noirs et les chinois, les arabes et les porto-ricains, les bouddhistes et les chrétiens, ceux qui parlent anglais et ceux qui le baragouinent seulement. J'étendrais volontiers le racisme à la hargne et la jalousie entre la femme au foyer et celle qui travaille. Entre celui qui peut se payer un dcteur du privé et celui qui ne peut pas. Celui dont les affaires sont florissantes et celui qui ne pourrait tomber plus bas.
Le second point intéressant, c'est de voir à quel point rien ni personne n'est entièrement blanc ou entièrement noir. Le flic qui profite d'un contrôle de routine pour abuser de son autorité et caresser une femme n'hésite pas un instant à mettre sa vie en jeu pour sauver une autre vie. Le petit gars décidé à faire le bien autour de lui peut être amené à tuer et à camoufler le meurtre. Le malfrat endurci peut trouver sa rédemption de la manière la plus inattendue qu'il soit. Le malheureux homme renversé par une voiture et laissé pour mort est peut être un trafiquant d'esclaves. En bref, les apparences sont souvent trompeuses... personne dans ce film n'est celui qu'il semble être.
Outre ses lenteurs, le point faible du film (je suis persuadée que d'autres penseront volontiers qu'il s'agit d'un point fort !) c'est qu'il ne s'agit finalement que de tranches de vies... j'ai attendu en vain un "dix ans plus tard..." avant le générique, et je suis restée sur ma faim: l'avenir de ces personnages, c'est à nous de l'imaginer.
Et enfin, c'est vrai que certaines passages sont bouleversants, je pense en particulier à la petite fille porto-ricaine... dans ce film relativement noir, on s'attend à tout, et l'on entretient guère d'espoir pour les personnages; c'est difficile d'être optimiste et d'entrevoir la lumière qui les attend au bout du tunnel. Et pourtant, parfois il y a effectivement de la lumière. Trop rarement, sans doutes.
Réalisé par Paul Haggis. Avec Sandra Bullock, Don Cheadle, Matt Dillon. Sorti le 14 Septembre 2005.