86° Changer… Vous Avez dit chan...

Publié le 28 avril 2007 par Jacques De Brethmas

86° Changer… Vous Avez dit changer ?

Le France est le pays par excellence où l’on est davantage préoccupé de faire voter de nouvelles lois au lieu d’appliquer celles qui existent, et si Sarkozy est un grand prophète de cette étrange religion, il n’est néanmoins pas le seul.

Par exemple sur le suffrage universel et les 500 signatures. À l'origine, la constitution de 1958 prévoyait l'élection du président de la république par un collège constitué de 80 000 grands électeurs. C'est le général de Gaulle qui, voulant faire évoluer le système vers un régime présidentiel, décida de prendre le virage vers l'élection au suffrage universel. Ses propres députés, majoritaires, s’y opposant avec véhémence, Mongénéral décida de court-circuiter les assemblées en vertu de l'article 11 de la constitution et de soumettre son projet au peuple français par référendum. Cette consultation se déroula le 6 novembre 1962 et approuva le projet du général avec 62,25 % des voix.

Pour la petite histoire, il s'ensuivit une motion de censure déposée contre le gouvernement de Georges Pompidou par l'ensemble des partis politiques à l'exception des gaullistes durs, motion qui fut votée, ce qui entraîna la dissolution de l'assemblée nationale et de nouvelles élections après le référendum, qui offrirent à mongénéral une assemblée encore plus tricolore que la précédente.

L'opposition tenta tous les recours contre cette modification de la constitution, mais le conseil constitutionnel, saisi par Gaston Monerville, président du Sénat, se déclara incompétent pour censurer une décision directement adoptée par le peuple français.

Les premières élections voient fleurir les candidatures fantaisistes. Il suffisait de 100 signatures d’élus pour accéder à la candidature. C'est Marcel Barbu qui ouvrit la voie des candidats opportunistes, trouvant dans l'élection présidentielle un moyen commode de se créer une tribune télévisée à bon compte.

.
Il n'était pas si fou que cela, Marcel Barbu, même si de Gaulle le surnommait « l’hurluberlu », ses idéaux consistant à créer des communautés de travail et des associations d'entraide à l'usage des plus démunis, et à instaurer en France des référendums d'initiative populaire à l'image de la Suisse.

Mais l'homme est seul. Il n'a pas de parti, mais un groupe de copains, pas d'expérience politique et aucun charisme. Toute la France va rire de le voir pleurer d’émotion lors de ses passages à la télévision. Il recueillera 1% des voix. Ce qui à l’époque était ridicule, alors qu’aujourd’hui, les 2% promis à José Bové ou à de Villiers font d’eux des personnages conséquents. Mais ceci est une autre histoire.

L'opinion publique est échaudée : la brèche est ouverte et les oracles prévoient plusieurs centaines de candidats pour la prochaine élection présidentielle ! Aussi décide-t-on de porter à 500 le nombre des signatures de parrainage nécessaires à la constitution d'une candidature.

Il existe aujourd'hui en France 45 000 signataires potentiels, dont 36 000 maires. Et d’aucun s’interrogent sur la démocratie en constatant que certains candidats ne parviennent pas à réunir leurs 500 signatures…

Paradoxalement, c'est surtout Sarkozy qui se pose des questions angoissantes sur le sujet. Pour les siennes, aucun problème il en a le quadruple. Ce sont celles de Le Pen qui lui posent problème : en effet, si l'énergumène ne parvenait pas à réunir ses 500 signatures, il menace de faire voter à gauche. Le FN ayant la réputation d'un parti discipliné, cela suffit à faire capoter les grandioses projets du petit Nicolas…

Voilà donc Averell Dalton préoccupé d'aider Le Pen à réunir son quota de signatures… Dans la foulée, et pour paraître démocratique, il fait monter de force Besancenot dans la chaloupe de sauvetage, ainsi il a l'air équitable tout en donnant à ses adversaires un petit coup de pied en vache, car ce n'est certainement pas à lui que Besancenot va prendre des voix….

Alors, appelons un chat un chat. La démocratie a des règles, pourquoi vouloir les contourner ?

Car si Monsieur Le Pen et son parti ne possèdent pratiquement aucun élu de proximité, que l’on peut compter ses maires et ses députés sur les doigts de la main, c’est aussi parce que l’exercice de la démocratie, par le truchement des élections locales, en a voulu ainsi.

Si ce serait « faire injure » aux 15% de Français qui lui apportent ses suffrages à la présidentielle que de ne pas recevoir sa candidature pour non-conformité aux règlements, ne serait-ce pas, de la même manière, faire injure aux 36 000 communes qui n’ont pas voulu de ses sectateurs ni pour maire ni pour député, que de leur imposer un candidat parachuté ? A quoi bon virer un candidat par la porte s’il revient légalement par la fenêtre ?

Moi, je veux bien qu’on raisonne, je suis pour, même, mais il faut assumer ses raisonnements jusqu’au bout. La raison n’est pas un self-service dont on ne prend que ce qui vous arrange, c’est une construction de l’esprit dont la solidité doit à chacune de ses pierres fondatrices. On ne va pas vider de leur sens les élections locales pour mieux s’accommoder de la présidentielle. A la fin, il n’y a jamais qu’un élu et de nombreux mécontents. Vous avez un meilleur système ?

Les règlements ne sont pas faits pour plaire à tout le monde ni pour rendre service à quelques uns, ils sont au service de l’ensemble d’une communauté. Sinon, c’est la république des bananes.

Pour ne pas changer beaucoup de sujet, les raisonneurs de l’absurde ont bâti une théorie qui me fait frémir. Dans le cadre du « TSS » (tout sauf Sarkozy), ils sont allés chercher un sondage qui dit que Bayrou aurait plus de chances de battre Sarko au 2° tour, ou à la limite moins de chances d’être battu.

Et à la lumière de ce billet de loterie, ils se sont mis en devoir de convaincre autour d’eux de voter massivement Bayrou dès le 1° tour pour mettre ce cheval dans la course du tiercé. Car paradoxalement, cet « avantage indirect », s’il existe, constitue l’argument le plus solide du Béarnais, le reste de ce qu’il a à dire étant peu convaincant ! (Pendant la dernière législature, il a toujours voté avec la droite, sauf une fois pour dire que.)

Seulement, cela ne tient sur rien ! C’est une pure spéculation basée sur un sondage, autant dire un château de cartes un jour de grand vent. Mais l’affaire fait son chemin, et cette élucubration devient insensiblement légende urbaine au point de passer aujourd’hui pour un « tuyau sûr ».

J’ai bien peur que ce tuyau ne nous fasse très mal le lendemain du deuxième tour. Il est passé où, ce tuyau ? Ah, vous êtes assis dessus ?

D’ailleurs, les commerçants ne s’y sont pas trompés : un fabricant de peluches, les Ets. Blanchet, à Savenay (Indre) vient de lancer deux nouveaux personnages, Golène et Kozy. Ces deux peluches, vendues 16€ pièce sont destinées à garnir le dessus des téléviseurs familiaux, encore que la multiplication des écrans plats risque de rendre pareille exhibition plutôt acrobatique. En tout cas, on note que ces investisseurs professionnels n’ont pas conçu de Baybay ni de Rourou…

Pour renvoyer Sarkozy dans la mairie d’où il n’aurait jamais du sortir, je pense qu’il faut se le payer face à face, aussi perfide et arrogant qu’il soit, démolir chacune de ses prétentions au sabre laser, opposer son bilan à ses promesses, opposer ses promesses entre elles, -il y a de quoi faire !-, bref se le faire entre quatre zyeux.

Faire le tour, même si ça semble facile au vu de son gabarit, c’est un leurre.

Tiens, aujourd’hui, pour « faire banlieue » et répondre à Ségolène, qui est allée à Aulnay sous Bois, -là où ça a pété-, le petit Nicolas est allé à Cormeilles en Parisis, tranquille banlieue pavillonnaire, -mais le bon bourgeois de province fait-il la différence entre Aulnay-sous-Bois et Cormeilles en Parisis ?- où ce chantre du libéralisme a fait l’apologie de l’état fort et interventionniste au détriment de ses convictions ultralibérales, histoire de garder un pied dans la tourmente Airbus où ses concurrents font pour le moment meilleure figure que lui.

Rien ne lui fait peur, pas plus que d’admirer simultanément Thatcher, Jaurès, Blair et Léon Blum. Avec une moissonneuse aussi large, il devrait plaire aux agriculteurs, mais… même pas. Damned, encore raté.

On essaie de ne pas parler de Sarkozy cinq minutes. Vendu. On va parler de momies. Au grand palais s’exposent les trésors engloutis d’Egypte.

http://www.tresors-engloutis-degypte.fr/Website.aspx?l=2

Ben désolé, on retombe en plein délire ultralibéral. On aura essayé de changer de sujet, mais ça colle aux doigts comme un vieux sparadrap. Cette exposition sent furieusement la pompe à fric.

Il y a plus de « grosses pièces » dans la presse et sur les affiches que dans l’exposition, largement constituée de petits objets, certes intéressants, mais peu spectaculaires et exposés dans des vitrines sur lesquels se presse une foule dense et agitée.

Agitée parce qu’un peu mécontente : Pour les 12€ du ticket d’entrée, vous n’avez droit à rien ! Pas le moindre dépliant, pas le plus petit guide. Tout est à vendre. 3€ un petit fascicule abrégé, 6,5€ un audio guide, -s’il en reste, parce que si vous ne l’avez pas réservé….-, et 42,75€ un catalogue un peu mieux fait mais dont un éditeur de mes amis estime le coût de fabrication à mois de 4 euros. Vive la culture.

Autre gadget, constatons le virage plutôt docile de Têtu qui trouve « qu’on a gagné » sur les enjenx LGBT pour la dernière présidentielle, estimant les promesses forcées et restreintes de Sarko aussi valables que les engagements plus larges et plus crédibles d’autres candidats.

La liberté s’use si on ne s’en sert pas, Monsieur Têtu, l’extrême droite dépose toujours des projets de lois tendant à repénaliser l’homosexualité, l’hémicycle de l’Assemblée résonne toujours de propos homophobes, et à quelques heures d’avion, on agresse les homos et on les extermine. Si vous croyez qu’une liberté se gagne définitivement, Monsieur Têtu, faites autre chose que de la politique. La branchitude et les tendançologie vous allaient si bien…

A cet égard, Le Pen a mieux saisi la situation en faisant aux chasseurs un mot d’esprit soigneusement adapté à leur comprenette. Dans le Marais, on peut chasser les « chapons » toute l’année, leur a-t-il dit. D’ailleurs, ses skinheads ne s’en privent pas même si, parfois, ils y laissent quelques dents. Témoin cette altercation qui a opposé une bande de porcs-épics avant-hier soir rue Saint Martin, qui a cru pouvoir s’en prendre à de faibles femmes en prenant à parti un groupe de travestis en grande tenue d’apparat, et qui, sous les risées de dizaines de badauds, a été mise en déroute par des mitraillages de cils, des véhéments tourniquets de sac à mains et des coups de talons aiguille judicieusement ajustés là où ils étaient supposés trouver quelque cible.

Il faudra revoir l’expression « avoir des couilles » dans le glossaire de l’extrême droite.

Et enfin le clou du spectacle. Une association « La Diagonale » promeut une créature sans doute génétiquement modifiée appelée le « sarkoziste de gauche ».

http://www.ladiagonale.org/

Moi, j’appelle ça le grand écart. Après avoir sollicité différentes personnalités de gauche qui n’ont pas répondu à l’appel, ils tiennent quelques réunions assez discrètes il est vrai dans l’espoir de contaminer quelques gènes politiques égarés.

L’une de ces réunions s’est tenue aux Bains Douches, ce haut lieu du débat politique, il y a quelques jours, et s’adressait aux gays. Sarkozy y est apparu dix minutes, a serré quelques mains et s’est exposé aux journalistes afin que Canal plus puisse dire le lendemain qu’il avait tendu la main aux homosexuels dont le sort « le préoccupait ». Et il s’en est trouvé quelques uns pour lui servir de faire-valoir. Pas étonnant qu’une campagne épuise un candidat, s’il se prête à des mascarades aussi inutiles que celle-là.

Ou on vote avec son portefeuille, ou on vote avec sa soif de liberté. Je ne crois pas qu’on hésite longtemps, et je pense qu’en la matière, les choix sont assez définitifs. Le pire étant sans aucun doute d’acheter ses libertés et ses fantasmes avec son portefeuille.