L’affaire du Cox…
Depuis quelques jours, le Marais est en émoi. Le Cox, bar incontournable de la rue des Archives, n’a pas reçu l’autorisation d’installer une sono extérieure pour la fête de la musique.
Les arguments, du côté des autorités : troubles de voisinage et de l’ordre public, et du côté du bar : installation identique à celle qui fut autorisée le années précédentes, alors pas de raison valable autre que l’homophobie.
Finalement, l’autorisation «d’une sono extérieure » n’est effectivement pas arrivée, et le Cox a choisi de rester fermé plutôt que de se satisfaire de sa sono intérieure qui restait bien sûr autorisée.
Mais est-ce si simple ? Sans doute l’autorisation refusée concernait-elle « un matériel identique à celui utilisé les années précédentes ». Mais c’est à mon avis, justement là que le bât blesse : honnêtement, aucun bar dans Paris et même sans doute en Landerneau n’avait fait si fort les années précédentes. Ce n’était plus « de la musique » dans la rue, mais une rave party grandeur réelle dans la pauvre rue des Archives.
Avec tous les dégâts collatéraux qu’on peut imaginer : les carreaux qui tremblent à tous les étages alentour, et une rue bloquée sur cent mètres par un millier de fêtards en goguette.J’ai beau être très chatouilleux au regard de la moindre discrimination en général et sur le plan homophobe en particulier, l’honnêteté la plus élémentaire m’oblige à avouer que je n’aurais pas moi-même toléré un tel bazar en bas de chez moi.
L’autorité est maladroite. Il suffirait de recadrer la fête de la musique dans sa définition originelle, telle qu’elle se pratique d’ailleurs dans les autres quartiers de Paris.
La fête de la musique est une invitation lancée à tous les musiciens à venir se produire dans la rue avec leurs instruments, aux orchestres à venir jouer sur la place pour le bonheur de tous.. Les forcenés qui mettent leurs haut-parleurs sur leur fenêtre pour y passer des disques n’y ont rien compris…
Il aurait suffit à l’autorité de rappeler cette définition, à savoir que les autorisations ne sont délivrées qu’au bénéfice d’une musique produite "live" par des musiciens et non pas enregistrée, et la suspicion d’homophobie eut été évitée.
D’ailleurs, le Cox a trouvé son successeur : un établissement flambant neuf de la rue des Lombards avait dès 17 heures disposé sur sa terrasse une installation complète de disc-jokey, avec des platines, une table de mixage et des enceintes grosses comme des réfrigérateurs. La rue était bouchée jusqu’au boulevard de Sébastopol, et les basses audibles à 50 mètres…
C’est certes un mal de notre temps de confondre qualité et quantité. Les estrades montées de la façon la plus officielle sur les grandes places de Paris mettent en œuvre des sonorisations d’une puissance tout à fait déraisonnable. Souvent plusieurs dizaines de kilowatts ! Mais passons pour les gros concerts, puisque c’est la mode. Tant pis pour les habitants des places parisiennes…
Concernant les particuliers, une limitation à 95 db à 1 mètre et 200 watts permettrait aux musiciens les plus talentueux d’exercer la quintessence de leur art. Ceux qui ont besoin de plus de bruit ont quelque chose à cacher.
En attendant, tout en restant vigilant sur les manœuvres dilatoires attentatoires aux droits gays, et dont l’affaire « d’Illico-papier » (cf mes articles n° 90 et 96) est un exemple significatif, il me semble contreproductif de se victimiser et de voir de l’homophobie là où elle n’est pas. C’est dévaloriser la gravité des atteintes dont nombre des nôtres souffrent dans leur chair.
Il serait beaucoup plus efficace, -le commerce de certains dût-il en pâtir-, de défendre nos droits sur quelques cas clairs et indiscutables, plutôt que de se prévaloir de circonstances troubles et multiples comme cette affaire du Cox.