Comme envisagé dans le précédent billet la délégation e-commerce peut vite s’imposer comme un calcul très rentable pour les marques qui, au final, s’offrent un nouveau canal de vente pour leurs produits avec un minimum de contraintes et de risques.
Et si les marques renâclent devant la difficulté d’aller vendre sur internet et devant des investissements importants et pas forcément toujours rentables (ou à la rentabilité lointaine) ceci est d’autant plus vrai pour les PME. Pour ces dernières, les possibilités sont d’autant plus restreintes que le budget l’est forcément également. Dans ce contexte, il n’est pas rare de voir les PME faire l’acquisition de logiciels pour bricoler leur propre site ou dilapider un petit budget auprès d’un free lance local ou d’un prestataire de services e-commerce en ligne. C’est souvent en pure perte par rapport aux retours réels, toujours loin de ceux escomptées ou promis. Le site ainsi réalisé n’est souvent, au final, qu’une vitrine aux lacunes accablantes, oblitérant tout espoir de réussite.
OH! combien de petits entrepreneurs, combien d’amateurs
Qui sont partis joyeux pour des conquêtes en ligne,
Dans cet abondant foisonnement se sont évanouis!
Combien ont disparu, dure et triste fortune!
Librement détournés des vers de Victor Hugo.
Pour tous ces damnés du web et autres naufragés de la page 10 des résultats de Google, j’entrevois un espoir : la délégation e-commerce mutualisée !
Je m’explique. Prenons par exemple : Made-in-guadeloupe.fr, un projet cofinancé par l’Union Européenne au titre du FEDER et par la région Guadeloupe, sur la base d’une enveloppe initiale de 700k€, accompagnée d’un budget annuel de fonctionnement de 100 k€. Un peu plus de 1 an après, il y a une vitrine qui peine à faire plus de 150 visiteurs par jour et aura permis de vendre au maximum 1 millier de bouteilles de rhum, engendrant un coût d’acquisition et de transformation digne du Guiness des records.
Mais bon, je n’enfourcherai pas à nouveau mon cheval de bataille sur l’argent public brûlé sans discernement, ce n’est pas mon propos ici. Je vais tâcher de me montrer plus constructif.
Si, au lieu de proposer aux commerçants locaux de créer de classiques boutiques sans intérêt, on se préoccupait d’une vraie stratégie gagnante et de résultats, on pourrait s’inspirer du modèle de la délégation e-commerce.
Il s’agirait de mutualiser les ressources afin de s’offrir les services d’une équipes de vrais professionnels de l’e-commerce, maîtrisant toute la chaîne (relire le billet précédent pour le détail). Peut être pas forcément “LA dream team” mais des bons et des seniors, encadrés par un vrai manager ayant déjà largement fait ses preuves, comme Michel De Guilhermier (Inspirationnal Stores).
Quand à la mise de fond pour lancer le projet, on pourrait imaginer que les fonds publics viennent “ensemencer” ce concept prometteur, plutôt que de faire un x ième projet mort-né comme on en voit que trop. Les fonds publics permettraient de constituer l’équipe de pros et fiancer le développement de la plateforme (logistique et technologique).
L’entreprise ainsi constituée sélectionnerait d’abord les PME locales présentant d’authentiques produits de l’économie locale, susceptibles d’être réellement commercialisés et exportés : rhum, café, épices, fleurs, spécialités locales, … Elle s’occuperait ensuite d’acquérir un stock initial, à un tarif négocié, et payable à 60 jours.
Ces produits seraient ensuite présentés en ligne avec des visuels soignés, de vrais argumentaires, des reportages, … puis boostés par les bons soins des pros du marketing. La plateforme en ligne serait techniquement irréprochable en terme d’ergonomie, de design up-to-date, et de référencement car le fruit d’une équipe technique expérimentée. Les ventes arriveraient et le service logistique, dirigé par un spécialiste, répondrait au quart de tour pour acheminer en toute sécurité les précieux flacons de rhum ou dans les meilleures conditions de fraîcheur les somptueux bouquets.
Dès lors,l’entreprise de délégation e-commerce serait économiquement viable sans fond publics supplémentaires après son lancement et contribuerait à désenclaver la production locale grâce à ce nouveau circuit de distribution ouvert sur un univers sans limite, pouvant potentiellement représenter d’importants volumes à terme.
Pour résumer grossièrement :
- s’unir pour être plus fort (c’est pas nouveau).
- mettre le prix pour s’appuyer sur les meilleurs (souvent un bon calcul à terme).