« C'en est fini de l'État-Providence ». Avez-vous noté avec quelle violence, avec quelle gourmandise, ils lancent cette prophétie revancharde ?
Et moi, je me demande toujours : Mais, si l'État qui est … moi; si l'Etat, qui est… nous; si l'Etat qui est… le peuple, n'est pas providentiel, alors qu'est-il? Que doit-il être ? Que peut-il être d'autre alors, que le plus froid des monstres froids ? Mais s'il est le plus froid des monstres froids, alors, c'est qu'il n'est pas le peuple? Mais si l'Etat n'est pas le peuple, c'est que nous ne sommes plus en démocratie. C'est qu'il y a mensonge. Et que, comme dit Zarathoustra, il y a, suspendu au-dessus de nous, un glaive et cent appétits.
Car si nous sommes encore en démocratie, quel autre devoir, quelle autre solution avons-nous que de tout faire pour que le peuple soit la providence du peuple ? Vous remarquerez que l'on peut inverser la phrase : que le peuple soit la Providence du peuple, cela se lit dans les deux sens. Cela doit se dire dans les deux sens. Car évidemment, à un moment donné, il y a une réciprocité nécessaire. Nous devons être providentiels les uns aux autres.
« C'en est fini de l'Etat-Providence ! ». Qu'entendent-ils exactement par Etat- Providence ?
Certains, bien sûr, sont honnêtes, j'en connais, et croient, sincèrement que cela veut dire accepter sans sourciller le pillage du trésor de l'Etat c'est-à-dire du trésor commun, par tous les resquilleurs, profiteurs, tricheurs, bulleurs, glandeurs et gueux de France, de Navarre et, surtout, d'ailleurs.
Certains autres, les plus puissants, savent bien qu'il ne s'agit pas de cela, même si c'est à tout prix qu'il faut nous le faire croire. Non, ils savent, eux, qu'il s'agit, certes, d'une sorte de pillage, au mieux d'une réquisition légalisée du bien commun, mais pas par les gueux de France, de Navarre et d'ailleurs, non, mais par eux-mêmes et leurs amis.
Alors, pour que cesse cette réquisition permanente des pouvoirs et des biens, pour que le peuple soit la providence du peuple, il faut la gauche. Il faut le rêve de la gauche, il faut les valeurs de la gauche, il faut la confiance en l'humain de la gauche, il faut la fraternité de la gauche. Mais il faut que la gauche sache entendre que dans providence il y a prévoyance, donc clairvoyance, donc conscience de la complexité, donc exigence de vérité. Pour l'amour du ciel, pas de fausses promesses ! Aucune ! Nous n'y avons pas droit ! Un chemin à trouver ensemble, à gravir ensemble, à débroussailler ensemble. Pas de feux d'artifices, ils aveuglent. Une petite lumière. Il nous faut juste cette petite lumière.
Que nous soyons providentiels les uns aux autres, que chaque citoyen le soit pour tous les citoyens, que notre pays le soit pour l'Europe, que l'Europe le soit pour le monde. Quelle autre cause plus exaltante ? Quel chantier plus magnifique pour cette gauche que nous représentons aujourd'hui ? Quel plus bel espoir ?
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