Magazine Poésie

49%, 49% et 2%

Par Volodia

A l'instant, la porte de la voiture ou celle de l'imagerie, peut-être même est-elle déjà couchée. Ces jours ont été une alternance de bonheur et de tristesse, de larmes de joie sur un rire fragile, de pleurs amers, drôles, tragiques, une foule d'émotions contradictoires et se transformant subtilement au fil des heures. Perdu dans les souvenirs de l'été passé, des premières fois, des voyages, je faisais néanmoins plus attention aux détails -- oh regarde, un train fait de tricycles, hé un avion souligne les nuages, c'est beau -- et en gardais certains pour moi. Nous tournions le dos à la marche du train.

Quel que soit le diagnostic qui est ce jour réservé à Isoldh, cette semaine restera à jamais intacte dans l'écrin de ma mémoire flageolante. Tant de bonheur pur, de beauté, de sourires sur nos lèvres, de caresses, d'attentions; cela m'emballait le coeur doucement, me glissait au creux d'un songe agréable et qui me faisait pleurer. Et quel sentiment de culpabilité pour les sanglots qui, dans cinquante-et-un pour-cent des possibles, seront oubliés. Cette impression de deuil en avance est intolérable, comme ces quarante-neuf pour-cent annonciateurs de mort.

Ecrire est inutile. Si je le fais, c'est seulement pour occuper mes mains et mon cerveau en attendant les résultats. Je pourrais raconter notre week-end; je n'en ai pas la force. Des images de soulagement, des images de condamnation ultime, m'assaillent tour à tour. Allez, pile ou face, quitte ou double. La vie d'Isoldh se joue ce matin avec une pièce de cinq francs lancée en l'air et qui va bientôt retomber. Quelle ironie. Cela me fait vomir.

Il reste dans le meilleur des cas une demi-heure d'attente. Je vais fumer.


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