Allô ?

Publié le 05 septembre 2008 par Stellia Mlle

Jusqu’ici, j’étais tranquille dans mes petites habitudes. Je suis une sauvageonne. Je n’aime pas les inconnus et je ne m’épanouis que dans un contexte familier, avec des têtes amicales et apprivoisées. Auparavant, ça ne me posait aucun problème, car je gérais ça toute seule et à ma manière : seuls mes proches et quelques amis familiers pouvaient me joindre, je n’avais même pas de téléphone fixe. Je préfère de loin mon portable, qui affiche gentiment la photo de l’appelant connu (si inconnu, je fais la sourde oreille le temps de préparer les réponses à une batterie d’éventuelles questions gênantes).

Mais depuis que Chéri et moi sommes en couple, et plus encore depuis que nous sommes mariés, les gens cherchent à nous joindre, normal : nous sommes une entité indissociable qu’il faut inviter à dîner, ou appeler pour parler de la pluie, du beau temps ou de la tante Lorette. Bien. Sauf que pour moi, ça coince un peu, et le fait que nous ayons échangé nos vœux ne change rien à l’affaire. Je n’aime pas ça. Et ça n’a aucun rapport avec sa sphère à lui, qu’il s’agisse de mes tantes ou de vagues connaissances n’y change rien non plus. Quand le téléphone sonne, je grince des dents si je suis seule car un dilemme cornélien se profile à l’horizon, et j’imagine les cas de figure qui se présentent.
a) c’est quelqu’un de mes proches (mes parents, ma fratrie). Bien. Aucun problème.
b) ce n’est pas une personne (euh, je m’entends) : le banquier, la Poste, les Assedics, un faux numéro. Bien.
c) c’est quelqu’un d’autre et ce n’est pas un faux numéro. Grrraaah. Blocage. Et là, j’ai beau savoir qui c’est, que c’est quelqu’un de gentil, je sais. Je sais qu’elle va forcément s’enquérir de mes nouvelles (que dire ? ma vie est passionnante et je reviens d’un trekking amazonien), me parler du temps (…mmmhhhhoui, mais là je faisais quelque chose d’intéressant et de mieux que, euh, d’évaluer la quantité de cumulonimbus et celle des cumulostratus), ou pire me poser des colles qui me prennent au dépourvu (« Hmm ? passer déjeuner samedi ? mmhhh eh bien je verrai ça avec Chéri… parce que là euh… qu’est-ce qu’on a prévu d’autre ? oh lala vous savez nous… hein… » pitié, vite, me dépêtrer, me dépêtrer, c’est que les gens sont curieux et insistants). 

Du coup je passe pour une ermite asociale. Ce que je suis, certes, mais bon. J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n’arrive pas à me raisonner. 
Le plus simple serait encore d’avoir une présentation du numéro et ce merveilleux outil qu’on appelle le répondeur, me direz-vous. Oui. C’est une option à propos de laquelle nous calculons les incidences financières (autrement dit, on est un peu à la dèche et on a déjà un vieux modèle).
J’envie, en revanche, la décontraction naturelle de Chéri, qui s’en fout et parvient à répondre au téléphone et communiquer avec les gens sans souci. Et même à leur clouer le bec quand ils osent des questions indiscrètes. Non mais. Je sais, je suis un ours. Heureusement que Chéri assure sans faillir le rôle de secrétaire personnel
Chez vous, qui est le (ou la) préposé(e) au téléphone ?