Mais depuis que Chéri et moi sommes en couple, et plus encore depuis que nous sommes mariés, les gens cherchent à nous joindre, normal : nous sommes une entité indissociable qu’il faut inviter à dîner, ou appeler pour parler de la pluie, du beau temps ou de la tante Lorette. Bien. Sauf que pour moi, ça coince un peu, et le fait que nous ayons échangé nos vœux ne change rien à l’affaire. Je n’aime pas ça. Et ça n’a aucun rapport avec sa sphère à lui, qu’il s’agisse de mes tantes ou de vagues connaissances n’y change rien non plus. Quand le téléphone sonne, je grince des dents si je suis seule car un dilemme cornélien se profile à l’horizon, et j’imagine les cas de figure qui se présentent.
a) c’est quelqu’un de mes proches (mes parents, ma fratrie). Bien. Aucun problème.
b) ce n’est pas une personne (euh, je m’entends) : le banquier, la Poste, les Assedics, un faux numéro. Bien.
c) c’est quelqu’un d’autre et ce n’est pas un faux numéro. Grrraaah. Blocage.
Du coup je passe pour une ermite asociale. Ce que je suis, certes, mais bon. J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n’arrive pas à me raisonner.
Le plus simple serait encore d’avoir une présentation du numéro et ce merveilleux outil qu’on appelle le répondeur, me direz-vous. Oui. C’est une option à propos de laquelle nous calculons les incidences financières (autrement dit, on est un peu à la dèche et on a déjà un vieux modèle).
J’envie, en revanche, la décontraction naturelle de Chéri, qui s’en fout et parvient à répondre au téléphone et communiquer avec les gens sans souci. Et même à leur clouer le bec quand ils osent des questions indiscrètes. Non mais. Je sais, je suis un ours. Heureusement que Chéri assure sans faillir le rôle de secrétaire personnel
Chez vous, qui est le (ou la) préposé(e) au téléphone ?