La guerre du fétiche bat son plein
La guerre des fétiches a commencé bien avant le coup d'état du 6 août; à mesure de la montée de la crise entre le Président de la République et sa majorité, les deux camps, par femmes interposées, se sont mis à se bombarder de sorts pendables. Jamais, Nouakchott n'a rassemblé autant de charlatans, notamment de l'Afrique noire.
Au plus fort de la tension, quelques amies négro-africaines de l'ex première dame convoieraient, dans la capitale, des dizaines de marabouts, notamment du Mali, de la Casamance et de la Gambie, afin de mettre à genoux les militaires et leurs protégés frondeurs. Certains séjournaient, aux frais du contribuable, dans les meilleurs hôtels ou appartements de locations à Nouakchott.
C'est ainsi que des hommes du Général Aziz auraient fait déterrer autour de son bureau et jusqu'aux abords immédiats du BASEP, des cadavres de souris et de poulet farcis d'amulettes, voire quelques crânes d'ânes en charogne et même une puce de téléphone portable dans un gésier de pigeon. Evidemment, rien de tout cet attirail n'a fonctionné, à moins que l'effet n'en soit à retardement.
Aux dernières nouvelles, le camp du Haut Conseil d'Etat se prépare à "nouer la tête" de Jean Ping (notre photo), président de la commission de l'Union africaine, attendu à Nouakchott le 27 août 2008. Pour ce, les sorciers cherchent à connaître le nom de sa mère afin de mieux porter le coup en vue d'influencer sa volonté.
Aujourd'hui, à Nouakchott, l'acte de naissance de Jean Ping vaut de l'or.
Si l'on croit à de tels miracles, l'on conseillerait, au président de la Commission africaine, de ne rien boire ni manger lors de son séjour en Mauritanie, de refuser toute invitation, de bien s'assurer que les bouchons des bouteilles d'eau minérale neuves n'ont pas été dévissés, d'éviter de saluer les personnes aux mains mouillées, voire de laisser trainer ses cheveux et ses ongles. La même recommandation s'applique, en ce moment, à tous les hôtes officiels dont l'opinion ne serait pas favorable aux putschistes. L'on ignore, pour l'instant, s'ils ont connaissance de ces manœuvres de l'invisible.
En ces instants cruciaux de l'histoire de la Mauritanie, la « mara-boutique »» et les autres métiers facteurs d'enrichissement fulgurant et sans effort suscitent des centaines de vocations et entretiennent un chiffre d'affaires conséquent, même s'il demeure hasardeux d'en évaluer le montant.
Safia Mint Oubeïd
Source : Taqadoumy 24-08-2008
***Merci à Sy B. de nous avoir transmis ce texte.