Il serait temps d'accroitre la pression sur la Birmanie

Publié le 05 septembre 2008 par Kathy


Selon Frédéric DEBOMY, président de l’association Info Birmanie, il faut accroître la pression sur la Birmanie:

Il y a tout juste un an, le 5 septembre 2007, à Pakokku dans le centre de la Birmanie, six cents moines bouddhistes, qui défilaient pour protester contre l’augmentation des prix des carburants, étaient violemment réprimés par le régime militaire birman.
Cet incident mit le feu aux poudres le 9 septembre, un groupe jusqu’alors inconnu, l’Alliance de tous les moines birmans, émettait une déclaration demandant au régime de procéder à la réduction immédiate des prix des carburants, de libérer Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix et principale figure de l’opposition, et d’amorcer un dialogue avec les forces démocratiques.
Confrontés à la surdité d’une junte hostile à tout compromis, les moines allaient mener, aux côtés de militants démocrates et de nombreux civils, un mouvement désormais connu sous le nom de «révolution safran». Mais leur mobilisation fut violemment réprimée en quelques jours.
Un an après, où en est-on ?
Si la communauté internationale se montre désormais plus mobilisée, les résultats de son action demeurent quasi nuls. Ainsi l’envoyé spécial des Nations unies, Ibrahim Gambari, n’a-t-il rien obtenu des généraux en deux ans et demi de missions régulières en Birmanie. Les vagues promesses de dialogue du régime se sont révélées être des manœuvres dilatoires destinées à apaiser la tension.
Aujourd’hui l’échec de la mission de Gambari est patent et pose la question de la poursuite du processus engagé par les Nations unies. Le refus d’Aung San Suu Kyi de recevoir l’émissaire le 24 août semble exprimer la frustration de la «dame de Rangoun» face à un dialogue qui, en l’absence de tout calendrier, n’aura produit aucun résultat. Entre-temps, un cyclone s’abattait sur la Birmanie, ravageant le sud du pays. La communauté internationale eut alors toutes les difficultés à convaincre un régime indifférent au sort de sa population de permettre le déploiement de l’assistance humanitaire.
Face à cette impasse, certains suggèrent désormais d’accepter la «feuille de route vers la démocratie» des généraux, définie comme la seule carte politique du moment. Ils espèrent ainsi que l’ouverture à l’économie de marché entraînera des évolutions sur le plan politique.
Ce scénario, qui suppose un peu rapidement que l’ouverture économique entraîne mécaniquement une libéralisation politique, est peu crédible s’agissant d’un régime profondément inquiet des effets que pourrait produire une trop grande ingérence de l’extérieur - et particulièrement de l’Occident - dans les affaires du pays.
Ainsi une économie véritablement libérale a-t-elle peu de chance de voir le jour en Birmanie, la volonté de contrôle des généraux primant sur toute autre considération. Ce complexe d’assiégé culminant tragiquement dans l’abandon à une mort certaine des populations victimes du cyclone.
Le régime militaire birman ne bougera pas s’il n’est pas mis sous pression: La pression occidentale doit-être maintenue et même renforcée
Convaincus de cela, les démocrates birmans, dans leur majorité, continuent de réclamer une politique de sanctions économiques ciblées, qui pénalise le régime et non la population. Si les pays asiatiques, principaux partenaires commerciaux des généraux de Rangoun, se montrent jusqu’à présent peu disposés à une mise sous pression tant diplomatique qu’économique de la junte, leur attitude pourrait évoluer en raison de l’inquiétude que suscite un régime apparaissant de moins en moins capable d’assurer la stabilité du pays.
La France devrait demander le retrait du groupe TOTAL,  ce serait un geste fort 

La France peut agir, Total demeurant le premier investisseur étranger en Birmanie.
Qu’elle demande le retrait de l’entreprise serait un geste fort dont l’impact symbolique ne doit pas être sous-estimé au motif que le pétrolier français serait remplacé par un concurrent asiatique, comme cela est généralement avancé.
Ceux qui, à leurs risques et périls, ont gagné la rue birmane en août et septembre 2007 nous ont rappelé que la «démocratie disciplinée» promise par les généraux ne saurait constituer à leurs yeux une solution aux crises politiques, économiques et sociales que connaît le pays. Il est temps de les écouter et de tout faire pour que les généraux consentent enfin à l’ouverture d’un dialogue auquel ils se refusent depuis vingt ans.


Frédéric DEBOMY