Dominique Rossi est sorti de sa réserve pour expliquer qu'il est "un fonctionnaire obéissant". Il dit qu'il n'a «rien à se reprocher».
Dominique Rossi est sorti de sa réserve pour expliquer qu'il est "un fonctionnaire obéissant". Il dit qu'il n'a «rien à se reprocher».
« L'affaire corse » semble bien dérisoire dans la tragédie quotidienne de l'actualité. Mais si elle a pris de telles proportions dans l'information de ces derniers jours, ce n'est pas seulement parce qu'elle implique l'ami du président. Le limogeage du patron de la police en Corse n'appartiendrait qu'à la chronique turbulente, somme toute épisodique, des désaveux dans la famille des grands flics si elle ne mettait en jeu les notions de faute, de responsabilité, de sanction et de morale. La brutale mise à l'écart de Dominique Rossi n'a pas seulement remué beaucoup de mauvaises consciences. Elle a ébranlé une certaine idée que les Français se font du fonctionnement de l'État. Et de la justice de ses dirigeants.
En pointant du doigt la passivité supposée du haut fonctionnaire devant un délit incontestable - la violation d'un domicile privé - la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a justifié une sanction sans nuance. Étrange sévérité sur une île où les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, n'ont cessé de rechercher les meilleurs compromis, aux confins de la loi - et au delà - pour conjurer des situations qui leur échappaient. L'application mise à humilier un policier aux compétences unanimement reconnues apparaît d'autant plus incohérente que, loué pour sa fermeté et son efficacité, il avait été retenu par la manche pour rester à son poste alors même qu'il aspirait à la retraite...
Les journalistes n'ont fait qu'accompagner l'incompréhension d'un certain nombre de Français devant une rigueur aussi sélective. Quelle sanction a jamais frappé un secrétaire d'État, proche du président, qui a gaspillé quelques 138 000 euros de la République dans l'utilisation d'un avion privé pour simple convenance personnelle ? Quelle sanction a jamais frappé la « faute » d'un certain ministre de l'Intérieur quand des bavures policières ont mis le feu aux poudres dans les banlieues ? Quelle sanction en a jamais frappé un autre, il y a plus longtemps, quand ses instructions ont abouti à la mort d'un tranquille manifestant ? Au rythme des devinettes, le jeu de massacre pourrait durer longtemps, et il serait aussi cruel pour la gauche (les écoutes de François Mitterrand n'étaient pas franchement glorieuses) que pour la droite.
Le président de la République a parfaitement raison quand il rappelle que la loi s'impose à tous. Mais cette exigence ne saurait être manipulée à des fins personnelles. Quand les puissants comprendront-ils qu'en ces temps de doute démocratique, la morale du pouvoir, et de sa pratique, est moins que jamais une vertu facultative ?
Source: DNA
lu sur:http://www.continentalnews.fr/