La glace à moitié engloutis, je croise le regards de deux p'tits bouts dans une sorte de poubelle à roulettes, qui au milieu des détritus, me lancent un regard envieux sur ce qui me restait de cône. Mal à l'aise, mais restant sur mes principes sur la mendicité enfantine (voir plus bas), je leurs fais un "non" du regard et passe mon chemin. J'avoue que j'ai fini ma gourmandise avec moins d'entrains qu'au début, le goût en est, tout à coup, devenu moins délectable...
100 mètres plus loin ma conscience me rappel à l'ordre (oui! il a fallut 100m...), "tu vas toujours passer ton chemin comme ça?" me dis-je à moi même.
Dans mon sac se trouvaient des briques de lait au chocolat, pourquoi pas? Je fais demi-tour.
Ils ne m'ont pas encore vu, leur visages couvert de crasse se tournent enfin sur moi, d'abord étonnés, ils m'offrent un de leur plus beau sourire quant ils s'aperçoivent de ce que je leur tends. Pas besoin de mots, pas besoin de merci, cet échange de regards me suffit amplement. Je suis convaincu de leurs sincérité, peut-être je me trompe, mais à ce moment la, je n'ai aucun doute. Je m'éloigne, ma conscience étant satisfaite, la logique revient au galop: "Et si c'était pour les revendre? Tu ne leur as pas ouvert!", je me retourne brusquement... ils avaient deja commencé à boire... J'en était ravis.
Si je les croise une prochaine fois, me reconnaîtront-ils? Si oui, me quémanderont-ils quelque-chose? Se diront-ils: "Et! C'est le riche blanc, qui donne des choses!" ou se contenteront d'un sourire de satisfaction? Je n'en ai aucune idée... Je ne veux pas trop y penser, je suis convaincu qu'un lait chocolaté n'est pas grand chose, et qu'ils en avaient "nutritionnellement" besoin. Et même si... Je suis persuadé qu'ils l'ont apprécié, et bien plus qu'un enfant ne l'aurait fait en France ou dans n'importe quel pays occidental. Alors, peut-être que ma conscience m'a joué un tour, peut-être cette fois j'ai été moins regardant sur mon acte, mais je ne regrette rien, et ça vaudra pour toute les fois où, la mort dans âme, je n'ai rien donné...