L'idée d'une humanité éradiquée par une mystérieuse épidémie suicidaire n'était certes pas révolutionnaire dans l'histoire du cinéma, mais avait le don de susciter l'intérêt et nous laisser entrevoir l'espoir d'une vision aussi inspirée que celle nourrissant La guerre des Mondes de Spielberg. On était en droit de penser que le réalisateur Shyamalan, légèrement à la dérive suite à son précédent opus La jeune fille de l'eau, tarirait la source alimentant les détracteurs de ses créations. Au contraire The happening entamera sérieusement la brèche creusée par des travers antédiluviens qui imprègenent trop souvent la méthode Shyamalan et qui resurgissent avec ces phénomènes, littérale explosion à la face du spectateur !
Ce qui retiendra le spectateur dans son fauteuil pendant 1H30 est la survie des protagonistes échappant à cette menace invisible et imprévisible. Les nouveaux personnages se succèdent et se suicident dans la minute qui suit, on assiste à un fabuleux ballet de pantins annihilés de toute angoisse, angoisse supposée nous faire exploser le trouillomètre quand on sait que l'on va crever. Personne n'est finalement à sa place dans ce jeu de chaises musicales, chacun erre à la recherche de consistance et cherche inlassablement son rôle. D'ailleurs le réalisateur n'en est pas plus convaincu, au vue du peu de substance dont il dispose dans son discours narratif, il s'appesantit longuement sur des morts particulièrement dégueulasses, à la sauce evil dead, pour essayer de légitimer le présupposé du film. On surfera à certains moments sur la vague du gore (on est tout de même loin de planète terreur...).
Le film balance entre lassitude et niaiseries, on est balloté à la recherche d'un but. La fin ne nous éclairera pas plus étant donné que Shyamalan s'affranchit de toute explication de ses phénomènes, évitant ainsi toutes critiques inhérentes à tout engagement!
Alors le film n'est pas totalement une catastrophe puisque le réalisateur auréole son oeuvre de quelques coups de génie comme par exemple la scène ou l'on suit le destin macabre d'un revolver passant de suicidaire à suicidaire. Il réussira par ailleurs à nous faire flipper en filmant de l'herbe et des arbres pliant sous l'effet du vent. On saluera aussi sa volonté d'essayer de glorifier l'individualité au dépend du groupe, même si c'est jamais vraiment réussi...l'amour ne nous sauvera pas de la fin du monde !!!
Allez on efface l'ardoise, la prochaine sera la bonne !