Il n’aura pas échappé aux observateurs les plus attentifs de la faune berruyère que je me suis laissé poussé la barbe pendant les vacances. En effet, chaque retour en Auvergne est pour moi l’occasion d’un retour à la nature. En parcourant mon nouveau livre de chevet, “L’art de l’insulte” d’Arthur Schopenhauer, j’ai trouvé un joli texte sur la barbe dont voici les plus beaux extraits :
“La barbe, ce demi-masque, devrait être interdite par la police. (…) La barbe, dit-on, est naturelle chez l’homme : soit, elle convient à l’homme dans son état de nature. (…) La barbe agrandit la partie animale du visage et l’accentue. (…) La férocité et l’atrocité que la barbe confère à la physionomie tiennent à ce qu’une masse sans vie occupe la moitié du visage, et justement la moitié exprimant la morale. D’ailleurs, tout ce qui est couvert de poils est bestial.
Regardez donc autour de vous ! Même dans le symbole extérieur de la brutalité croissante vous découvrez celle qui l’accompagne constamment - la longue barbe, cet insigne du sexe, au milieu du visage, qui atteste que l’on veut d’abord être un homme (mâle) et ensuite un être humain. À toutes les époques (…) la longueur de la barbe a toujours marché de paire avec la barbarie que déjà évoque son nom.”
Herbert Magnon photographié par Claude Levi-Strauss en août 2007.