Sarkozy, la Syrie et les limites de la real-politik

Publié le 04 septembre 2008 par Juan
Comme avec la Russie, Nicolas Sarkozy a adopté une attitude pragmatique graduelle avec la Syrie. Une attitude concrétisée par ce voyage de deux jours du président français en Syrie les 3 et 4 septembre: rompant avec l'isolement imposé sous la présidence Chirac, Sarkozy a réouvert le dialogue, avec plusieurs objectifs : pacifier la situation au Liban, intégrer la Syrie au projet d'Union pour la Méditerranée, isoler l'Iran, et surtout ... placer la France, et non l'Europe, au centre de du jeu diplomatique.
Ainsi, en décembre dernier, Sarkozy avait rompu brièvement tout contact avec la Syrie, en exigeant de laisser le Liban élire un président de consensus. Quelques mois plus tard, et l'élection libanaise passée, Bachar el Hassad est invité en grandes pompes aux cérémonies du 14 juillet. Offensive de charme du dictateur syrien avec sa jeune épouse élevée à l'occidentale.
La visite à Damas fait partie de ses retours d'ascenseur: sur place, Sarkozy a expliqué ses objectifs: "essayer de se comprendre; ne pas transiger sur les principes; rétablir la confiance." Le président Hassad était ravi. Sarkozy espère par cette visite amener la paix entre la Syrie et Israël, d'une part, et de détacher la Syrie de son allié traditionnel, l'Iran. A ce propos, Sarkozy a menacé l'Iran des conséquences terribles de toute tentation nucléaire de sa part: "L'Iran prend un risque majeur à continuer le processus d'obtention du nucléaire militaire - ce qui est notre certitude - parce qu'un jour, quel que soit le gouvernement israélien, on peut se retrouver un matin avec Israël qui a frappé"
1. Cette real-politik produit elle des résultats ?
On l'a vu avec la Russie. 15 mois de réchauffement des relations avec Poutine n'ont servi à rien dans le conflit géorgien.
2. Pourquoi la Syrie ferait-elle la paix avec Israël et se priverait-elle de surcroît de son allié iranien ?
Les Etats Unis ont maintenu la Syrie dans leur liste des Etats terroristes. De surcroît, la Syrie elle-même souhaite se doter de l'arme nucléaire. Certains considèrent qu'elle ne renoncera jamais à son "alliance stratégique avec Téhéran, (...) une donnée fondamentale". La Syrie a d'ailleurs posé ses conditions, lors du sommet quadripartite du 4 septembre.
3. Pourquoi Sarkozy n'est-il jamais explicite sur les droits de l'homme et les libertés publiques en Syrie ?