Anti-modernisme primaire (et conceptuel)
Publié le 04 septembre 2008 par Marc Lenot
On peut voir jusqu’au 10 septembre dans une petite librairie de Ménilmontant, le Monte-en-l’air, quelques dessins des soeurs Bernadette, dont la collection fut récemment montrée au Musée Niepce. Et pourtant ce n’est pas de la photo ! Ce sont des images au pochoir où les personnages ne sont le plus souvent présentés que sous formes de silhouettes, avec de grands aplats noirs : l’idée est de mieux impressionner la rétine, de faire une impression plus profonde, plus persistante, la science visuelle au service de la propagande.
Car la
méthode des soeurs
Bernadette, vierges laïques, ouvrières du textile à Thaon dans les Vosges, est au service de l’Eglise, de sa frange la plus conservatrice, la plus anti-moderniste (elle sera interdite après
Vatican II). Il s’agit de former, d’éduquer les enfants, les jeunes filles pures, de les mettre en garde contre le monde et ses tentations. Au delà de l’iconographie un peu ridicule (Dieu et sa barbe, le diable et ses cornes) l’opposition bien - mal est omniprésente. Le noir est
vertueux, il ne distrait pas, il ne tolère pas les ornements inutiles, il exprime la force de la foi et de la vertu. Face à la modernité perverse, et en particulier au cinéma et à la photographie, la méthode Bernadette est un contrepoids, tant dans son message que dans sa forme, elle redonne une aura à l’image reproduite, elle revient à l’origine.
Le petit catalogue, aux Editions Matière, est un bijou. Une des planches, comme un carton de film muet, dit : “ll faut que des âmes religieuses luttent contre l’art matérialiste, cubiste et communiste.”
posté le 11 octobre à 16:36
j'adore comment vous avez ajuster vos couleurs et nuance!