Les entreprises québécoises sont capables de rivaliser avec les meilleurs dans la mesure où elles ont les coudées franches. Les cas de Structal-Construction et de Structal-Ponts sont des exemples éloquents de cette affirmation (Voir le texte de J. Jacques Samson ci-après).
Malheureusement, de nombreuses entreprises québécoises sont désavantagées sur la scène mondiale par les politiques économiques électoralistes des gouvernements qui se succèdent à Québec.
Quelques unes des « façons de faire », nuisibles aux entreprises, mais particulièrement prisées des politiciens sont :
- Un environnement économique hyper-règlementé. Cet environnement augmente les coûts des entreprises et souvent nuit à l’innovation;
- Des programmes d’aide inutiles. La plupart des programmes d’aide nuisent à l’allocation optimal des ressources et imposent un taux de fiscalité quasi usuraire aux entreprises et aux contribuables;
- Des mesures protectionnistes nuisibles. Ces mesures servent d’arguments au pays qui désirent bloquer les produits québécois, mais surtout une industrie protégée arrête d’innover et d’évoluer;
- Des infrastructures en décrépitudes. La voirie, les aqueducs et les égouts, les écoles, les centres hospitaliers, etc. souffrent tous d’un manque d’entretien chronique. Cette situation augmente les coûts d’opération des entreprises et en empêche plus d’une à prendre de l’expansion ou à venir s’installer au Québec;
- Etc.
Des solutions concrètes à ces problèmes réels et urgents sont rarement exigées par l’opposition. Elle préfère dénoncer le nouvel emploi du ministre Couillard, la venue de Paul McCartney à Québec ou le cynisme des Québécois.
Embarrasser le parti au pouvoir c’est bon pour le spectacle, mais cela détourne l’attention du public et permet au gouvernement d’ignorer les vrais problèmes.
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La chronique de J. Jacques Samson
Briller parmi les meilleursJ. Jacques Samson
09/07/2008 07h47
Ce slogan du Parti libéral du Québec m'est spontanément revenu à l'esprit hier. En moins de 24 heures, deux entreprises québécoises ont annoncé avoir obtenu des contrats totalisant plusieurs dizaines de millions $, l'une aux États-Unis et l'autre en Alberta. Les Québécois qui réclament encore des politiques protectionnistes d'achat chez-nous devraient y penser deux fois. La réciproque nous ferait très mal.
Structal-Construction métallique lourde, une division de Groupe Canam, construira la structure d'acier du nouvel amphithéâtre des Penguins de Pittsburgh. Il s'agit d'un contrat de 35 millions $, à l'intérieur d'un projet de 290 millions $. Pour Structal, elle en sera à son 48e complexe sportif en Amérique du Nord, après les stades prestigieux notamment des Yankees et de Mets de New York, au baseball. L'entreprise a développé une expertise de pointe dans ce créneau et elle remporte aisément les appels d'offres.
Structal-Ponts, une filiale soeur, se heurte à une forme de protectionnisme, baptisée «Buy America» lorsqu'il s'agit de contrats de ponts d'acier défrayés avec des fonds publics, explique son vice-président Robert Dutil, mais des questions de sécurité ont été évoquées pour conserver cette clause grand-père dans le traité de libre-échange. Les Américains peuvent donc soumissionner pour des contrats de ponts publics au Canada mais l'inverse n'est généralement pas permis. Structal-ponts concentre donc ses efforts en vue de contrats privés, surtout des ponts ferroviaires et forestiers. Certais états sont tout de même plus souples dans l'application du «Buy America» pour des projets publics. Mais la croissance extérieure de Structal-Ponts est étouffée par cette contrainte.
Par contre, Structal-Construction métallique lourde a les coudées franches complètement, simplement parce qu'elle possède une usine aux États-Unis. Elle n'est même pas tenue de faire effectuer un % pré-déterminé du travail aux États-Unis, explique Jasmin Gosselin, vice-président de cette division.
Pour les stades des Yankees et des Mets de New York, 90 % du travail a ainsi été effectué à l'usine-mère de Saint-Gédéon-de-Beauce. Pour ceux des Jets et des Giants, on parle d'environ 75 %.
Expertise incomparable
Structal était en compétition avec deux entreprises américaines pour le contrat de l'amphithéâtre des Penguins de Pittsburgh. Aucune des deux américaines ne possédait une expertise comparable à l'entreprise québécoise pour produire des pièces d'acier «monstrueuses mais d'une précision inouïe» qui doivent s'abouter au millimètre près. Structal a en plus développé des partenariats avec des entrepreneurs généraux américains qui exigent maintenant dans leurs soumissions de pouvoir sous-traiter avec Structal, en raison de la complexité des projets et de leur expérience commune.
L'acier utilisé peut parvenir du Canada, comme des États-Unis ou de l'Europe. Il arrive donc très fréquemment que de l'acier est transporté des États-Unis à Saint-Gédéon-de-Beauce, où sont produites les pièces de ces jeux Lego géants, selon l'ingénierie et les dessins québécois, lesquelles sont retournées ensuite sur les chantiers outre-frontière, pour être assemblées par des équipes américaines, supervisées par des chefs de chantier de Structal...
Supermétal Structures de Saint-Romuald, qui vient d'obtenir un autre contrat de 50 millions $ dans le cadre cette fois d'un projet immobilier de 1 milliard $, à Calgary, et qui a acquis une usine à Edmonton, en plus de ses installations de Saint-Romuald et de Sherbrooke, dessert un peu de la même façon que Structal, des clients éparpillés partout en Amérique du Nord.
Ces entrepreneurs de Québec-Chaudière-Appalaches dominent les meilleurs dans leur secteur d'activité à l'échelle nord-américaine. De mesures protectionnistes auraient été les pires freins à leur développement hors Québec. L'ouverture de nos frontières est aussi le meilleur stimulant vers l'excellence pour nos producteurs et transformateurs afin de conserver leurs parts de marché local.
Il est certainement plus porteur d'avenir d'être les meilleurs bâtisseurs de grands immeubles de prestige ou de ponts, les meilleurs dans certains créneaux de haute technologie ou dans le pharmaceutique et de laisser la fabrication des T-shirts bas de gamme aux asiatiques payés des miettes pour les coudre.