Il faut imaginer que les oeuvres fascinantes dont je parlais déjà hier ont été pour la plupart créées il y a plus d'un millénaire et que leur état actuel est irréprochable. J'aimerais bien que ceux qui ramènent perpétuellement le soit-disant obscurantisme médiéval français se penchent un peu sur ces chefs d'oeuvre de l'enluminure, entre discours théologique, poétique, politique et symbolique.
Et de nouveau, je me plais à lancer des ponts d'un art à un autre.
David jouant du psaltérion, entouré de ses musiciens (Psautier de Charles de Chauve, Ecole du Palais de Charles le Chauve, avant 869)
David, selon la tradition, est le roi qui a composé le Livre des Psaumes, dans la Bible. Il est donc normal qu'il entre dans le programme iconographique de psautier du roi carolingien - non seulement car le sujet en est l'auteur présumé (aspect théologique), mais aussi afin de créer une filiation spirituelle entre le roi biblique et le roi du temps de la l'élaboration du livre (programme politique).
Mais cette manière de représenter le roi entouré de musiciens esquissant un pas de danse au rythme des instruments, cette mise en mouvement de la scène de la composition des psaumes, me fait immanquablement penser à ça :
Matisse, La Danse (1909-1910).
Le geste des personnages en haut à gauche rappelle étrangement le mouvement de tissu que le personnage à la droite du roi David décrit dans les airs. Les manières d'alléger le motif en rendant vivant le mouvement sont d'une grande similitude...